Ksamil J150 Albanie

L'attente du cyclocampeur

Ecrit le 27/11/15 à Ksamil (Albanie) - Jour 150 - Km 2472 (+2700 km ancien compteur)

Ces derniers jours, j'ai pris deux décisions importantes pour la suite de mon voyage. Tout d'abord, de rentrer en France pour les fêtes de fin d'année. Ensuite, de reprendre la route à l'éclosion des premiers bourgeons. Il me reste donc un hiver à remplir, ce qui me donnera le temps de réfléchir aux prochaines cibles accessibles pour ma fléchette à deux roues. Une seule certitude, le point de nouveau départ sera l'arrivée finale du périple actuel: Athènes. J'ai en effet la possibilité d'y faire hiberner mon vélo chez une amie (Merci Véronique !). Quelque part, ce sera comme si je ne stoppais pas le voyage en cours, comme si je n'effectuais qu'une simple pause. Cette idée me plaît car je n'ai pas envie de m'arrêter en si bon chemin. J'évite ainsi le rude hiver qui se prépare et recharge sereinement mes batteries auprès des miens.
 
Car c'est vrai, l'hiver européen n'est pas vraiment la meilleure des saisons pour le cyclotouriste. Voguer toujours un peu plus vers le sud permet de retarder l'échéance de la rudesse des conditions météorologiques sans pour autant l'éviter éternellement. Nous sommes actuellement coincés dans le sud de l'Albanie depuis plusieurs jours (Himare, Sarande, Ksamil), attendant la fin des giboulées et autres orages pour pédaler de nouveau au sec. Le ciel est changeant, imprévisible, et seul s'armer de patience nous permettra d'économiser ces précieuses réserves de force mentale. Rouler mouiller, c'est une des principales craintes du cyclocampeur. 
 
C'est par contre un temps propice à la réflexion et pour prendre soin de son corps, reposer son esprit. Au menu des occupations quotidiennes nous comptons sur les jeux de cartes, l'épluchage des films de mon disque dur (lorsqu'il n'y a pas de coupure d'électricité), la mise à jour des lectures en cours et quelques conversations métaphysiques. C'est aussi dans ce genre de situation que la notion de groupe prend tout son sens. 
 
Les derniers 800 kilomètres qui me séparent d'ici à Athènes risquent donc d'être parcouru à un rythme un peu plus soutenu que prévu. Je ne me mets pourtant aucune pression. Ce qui compte avant tout : profiter de ce que la route m'offre comme j'ai tenté de le faire jusqu'à présent. Il y a quelques temps le fait de penser à une éventuelle fin de parcours m'aurait rendu triste et anxieux, mais la douce projection de retrouver famille et amis suffit à mon bonheur et me permet d'aborder ce dernier tronçon de route en toute quiétude, avec le sentiment d'avoir déjà vécu une aventure extraordinaire.
 
Depuis Tirana, nous avons traversé la morne plaine de la côte adriatique. Les paysages ne furent pas franchement hospitaliers. Il s'y prépare manifestement pour la prochaine décade une gigantesque invasion de touristes : les bâtiments en cours de construction pullulent, sans vraiment savoir si on aura un jour le privilège de pendre leur crémaillère.  Pour renouer enfin avec la splendeur de la nature, nous avons du franchir un rude col à plus de 1000 mètres d'altitude (le mont Cka), avec son lot de pentes raides et de transpiration inhérente. Aussi, j'ai eu la possibilité de découvrir le site archéologique de Butrint, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Il témoigne de l'activité débordante de la région depuis l'Antiquité jusqu'au Moyen-Age, et rassemble en son seing de nombreux vestiges d'époques variées, cette petite presque-île ayant été dominée successivement par les grands empires grecs et romains (avec même un bref épisode de colonisation normande). L'Albanie est définitivement un pays différent, riche de par la chaleur de ses habitants et de par son histoire, et qui propose un réel dépaysement à celui qui saura apercevoir la beauté sous ce vernis de misère. J'aimerai y retourner un jour.
 
De la Grèce, je garde un souvenir impérissable des colonies de vacances où j'avais fêté mes 14 ans. Un séjour itinérant à découvrir les féeriques Cyclades : Amorgos, Santorin, la Crête … Plus j'y repense et plus j'ai l'intime conviction que c'est lors de cette première expérience encadrée de Liberté que j'ai été piqué la première fois par la mouche du voyage. En revenant ainsi sur mes traces d'apprenti backpacker, je boucle peut-être mon premier grand cycle de vie de baroude, ouvrant la voie à un nouveau que je souhaite encore plus riche et palpitant !

Je me souviens aussi des villages aux maisons blanches et volets bleus, du sourire des habitants et de l'excellente et saine cuisine des îles. J'imagine qu'après toutes ces années je vais mettre les pieds dans un tout autre pays. La crise étant depuis passée par là, je ne sais pas du tout à quoi m'attendre. Finalement, c'est peut-être mieux comme ça, de me laisser surprendre et d'écrire ce nouveau chapitre de mes aventures à partir d'une page totalement vierge. 

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Shkallnur J139 Albanie

Le Sourire Albanais

Ecrit à Shkallnur (Albanie) le 16/11/15 - km 2150 nouveau compteur (+2700 ancien compteur)

Bien sûr, nous sommes tous marqués par cet ignoble tragédie. 

Nous l'avons appris, en cette douce matinée d'automne, alors que nous nous réveillions paisiblement dans la demeure de la famille d'Izmir. A l'improviste, nous avons été chaleureusement invité à prendre part aux rituels domestiques alors que le soleil se couchait et que nous commençions à spéculer nerveusement sur la teneur de la nuit qui allait suivre. Alors même que se déroulait les attaques, nous vivions un intense moment de fraternité et d'amitié interculturel et inter-religieux, bien éloigné des principes intolérants qui ont conduit ces quelques tarés à répandre la terreur sur mon beau Paris. 
 
L'Albanie est d'ailleurs un exemple concret de cohabitation religieuse pacifique dans un pays à forte dominante mulsulmane. Dans les grandes villes se cotoient harmonieusement clochers et minarets, dans une atmosphère de paix sereine. Cette force tranquille, elle vient probablement du caractère enjoué et curieux des autochtones, à la fois protecteurs et chaleureux pour nous touristes à vélo. Le plus beau paysage que peut nous offrir ce pays, c'est le sourire de ses habitants... L'âme de l'Albanie.

A la simple évocation de mon pays d'origine, c'est avec un sincère désarroi que les albanais témoignent leur sympathie pour mes compatriotes. C'est un vif message de fraternité que je veux partager avec vous. Face à ce drame, nous devons rester unis dans la douleur, toute nationalité ou religion confondue. Pour combattre la haine, pour faire renaitre l'espoir, pour continuer à aspirer à la Liberté.
 
Concernant l'expérience baroudeuse, ce pays propose le premier réel dépaysement depuis le départ. J'ai bien cru retrouver sur bien des points ma chère et tendre "Mother India" : le chaos ambiant, le sourire et la curiosité des passants, les sympatoches chiens errants, les quelques vaches parsemées sur le chemin, la relativement haute densité de population, les petites boutiques spécialisées, le bruit des klaxons, le dodelinement de tête d'acquiescement, les enfants mendiants, la pauvreté et richesse apparente ... Tout ce qui fait de l'Inde un cocktail détonnant, l'Albanie le possède, sans pour autant exercer sur le touriste la même pression surréaliste. C'est un vrai plaisir de découvrir ce pays, à la fois si proche géographiquement et si loin dans les us de notre Europe. Reste un mystère à élucider : 70-80 % du parc automobile est composé de bonnes grosses berlines Mercedes, allant du tas de taules jusqu'au coupé rutilant. Magie du marketing ? Prédominance de l'apparence ? Confiance aveugle en la robustesse allemande ? 
 
Avant cela, malgré la beauté de la Croatie, rien ne nous avait préparé à la majesté des paysages monténégrins. Nous avons traversé une baie féérique, gravi un col à 1100m, bivouaqué à la belle étoile 100 m plus bas, savourant inoubliables coucher et lever de soleil. Nous avons campé au bord d'un marais, nous réchauffant au feu de bois, bivouaqué au pied d'une église ... Le Monténégro a été le tampon idéal entre ces deux grands pays, nous offrant le meilleur du spectacle naturel croate et une porte ouverte vers la chaleur des albanais. Jusqu'à Pogdorica, capitale sans âme de ce pays atypique. 3 nuits au paradis. 
 
Voyager à plusieurs se révèle aussi une expérience enrichissante. Le groupe lui-même se présente comme une entité vivante qui évolue au fil du temps. Tout d'abord en nombre : de 4 nous sommes à 7, puis à 8, ensuite à 6 pour enfin revenir enfin au nombre initial. Et puis en terme de relation : nous apprenons à nous connaitre, à gérer nos humeurs et rythmes différents. Une complicité se créée et les "privates jokes" se multiplient. Cette entité se présente sous la forme d'un cocon protecteur, nous donnant la force et la sécurité du nombre, l'envie de composer un destin commun. Toutefois, j'aspire aussi à tenter ma propre expérience du pays, de me remettre dans l'esprit du voyageur photographe, et pour cela, il me faudra quitter à contre-coeur cette joyeuse tribu qui est la mienne depuis plus de 2 semaines. Avec l'espoir non dissimulé de pouvoir rouler de nouveau à leur côté un jour prochain. Nos karmas sont dorénavant liés. 
 
Je pense aussi très fort à ma famille en France. Loin des yeux près du coeur, je vous envoie toutes mes ondes positives et mon affection à distance, et chaque kilomètre parcouru est pour moi l'occasion d'appliquer nos valeurs partagées de générosité et de respect. Je voyage aussi avec vous et vous embrasse bien fort. Avec des bises toutes spéciales à mon papy et ma mamy que j'adore.
 

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Dubrovnik J129 Croatie

Le rythme du cyclocampeur

Écrit à Dubrovnik le 06/11/2015 – km 1768 nouveau compteur (+ 2700 km ancien compteur)

Lorsque j'avais imaginé mon voyage automnal, je m'étais figuré les caprices de la météo et les fluctuations de fréquentation touristique. Cependant, j'avais oublié une notion essentielle : la durée d'ensoleillement. Car c'est elle qui conditionne le rythme de la journée du cyclocampeur. Souhaitant rouler au clair, lorsque le crépuscule pointe le bout de son nez à 17h00, il est préférable de commencer à chercher le bivouac à partir de 16h00. Il n'est même pas rare que je me retrouve dans les bras de Morphée bien avant le début du journal de 20h, alors plongé dans la nuit froide et humide. Le changement à l'heure d'hiver n'arrange rien et me décale d'autant plus du monde civilisé. Avec comme conséquence fâcheuse de raccourcir considérablement le temps de pédalage journalier, et donc le nombre de kilomètres potentiellement accomplis en un tour de soleil. 

 

De jour, le contraste est saisissant. Le soleil s'installe, cognant comme un aoûtien et assurant au voyageur d'air libre une salvatrice assistance morale. Et bien, je dois avouer, cela fait plaisir ces vacances à l'intérieur des vacances. Ne pas avoir à lutter contre la pluie ou le vent apporte réjouissance et matière à enthousiasme. Sourire que semble aussi avoir retrouvé les locaux. Il n'est désormais pas rare de se faire encourager par un coup de klaxon amical (ou pas) ou de répondre à l'aimable salutation d'un badaud. Finalement le soleil est le meilleur remède contre la morosité. 

 

Après Skradin, j'ai ralenti le rythme pour la première fois depuis Vienne. Tout d'abord, un hôte Warmshower (que je n'ai même pas le loisir de rencontrer) a eu la bonté de me laisser un minimaliste appartement pendant 6 jours, à Kastela, tout proche de Split. C'est un petit village de pêcheurs où le tourisme ne semble pas encore avoir eu prise, avec son esprit de quartier et son historique patrimoine architecturale. J'ai adoré me laisser happer par le faux-rythme de la vie locale, sans penser à avancer, à contempler le soleil se coucher où observer les vagues se briser. Et puis j'ai fait ma première rencontre croate, Malo, qui m'a montré quelques coins sympas de Split et quelques tips pour essayer de mieux comprendre les autochtones. 

 

Un autre changement majeur dans mon voyage, je voyage désormais en groupe. Je ne l'ai pas cherché, mais l'opportunité s'est présentée avec des cyclocampeurs que j'ai apprécié dès le premier jour. Et qui aussi, point essentiel, ont un rythme analogue au mien : une cinquante-soixantaine de kilomètres par jour (ou moins). Voyager en solitaire comporte ses avantages, importants à mes yeux, qui m'ont d'ailleurs poussé à penser mon voyage comme un « one-man trip». Mais le groupe me révèle une autre facette de l'aventure, socialement enrichissante car la rencontre se déroule plus sur le long terme que celle d'un local que l'on devra laisser un moment ou un autre sur le bord de la route. Côté matériel, il y a un autre avantage non négligeable : on partage les frais de bouche et de logement, et l'on gagne ainsi en confort tout en faisant des économies. J'imagine que d'une manière ou d'une autre le voyage me préparait à cette éventualité, et que j'étais enfin mûr pour accepter de partager la route. 

 

Nous somme donc 7. Groupe qui a été composé en 2 étapes. J'ai d'abord rejoint le noyau initial composé de Mona (Suisse), Max (France) et Calvin (Nouvelle-Zélande). Et quelques jours plus tard, c'était Tim (Suisse), Antoine (France) et Lydia (Hollande) qui venaient grossir les rangs. Tous partis de France (à l'exception de Lydia), nous traçons dorénavant la route en convoi, et dieu seul sait lorsque nos chemins se sépareront. Une seule certitude comme objectif commun : rejoindre la Grèce dans l'espoir d'un hiver meilleur. 

 

Parcourir la côte croate se présente comme un émerveillement quotidien. Malgré les routes parfois inhospitalières à la pratique du vélo, nos yeux s'écarquillent sur ces beautés de la nature et ces petits bijoux architecturaux. Après Split, nous avons pris le ferry direction l'île de Korcula et son relief accidenté. Au menu routes de bord de falaise somptueuses, passages au beau milieu de vignobles généreux et ma première baignade dans la mer adriatique, par une douce matinée de début de mois de novembre. Je n'ai pas pu résister au plaisir de nager dans cet eau presque chaude, le soleil levant venant me chatouiller gentiment la peau. Enfin, cerise sur le gâteau, Dubrovnik la blanche élégante nous dévoile ses charmes et nous permet de conclure en beauté cette traversée de la Croatie, parfois éprouvante, parfois douloureuse, parfois déroutante, mais surtout sublime et majestueuse.

 

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Skradin J116 Croatie

Les décisions du cyclocampeur

Ecrit le 24-10-15 à Skradin (Croatie) – km 1420 (+2700 ancien compteur)

Le cheminement du cyclo-campeur se construit suite à une série de décisions qui le mèneront ici ou ailleurs. Le choix de la route étant vaste, il est parfois des choix qui deviennent cornéliens. L'idéal serait de passer par toutes les routes ... Mais voilà, voyager à vélo, ce n'est pas comme se balader en voiture, chaque option de parcours implique une fine évaluation du coût temporel et en efforts physiques. Un gros détour pour visiter un endroit fort recommandable est tout à fait possible donc, mais il faudra étudier au préalable les pours et les contres en un laps de temps relativement court. Finalement, l'épopée cycliste devient une métaphore de la vie : il faudra faire le « deuil » de certaines routes et savoir accepter avec plaisir et ouverture ce que nous offre la voie que l'on emprunte. Pour sauvegarder ce pouvoir d'émerveillement, non entaché d'amertume et de regret. Le vélo enseigne l'humilité. 
 
Et puis il y a les rencontres. Warmshower reste toujours le moyen privilégié de les provoquer. Malheureusement, il semble encore être peu développé dans les pays des Balkans. J'ai toute de même fait la sympathique rencontre de Bertie, joueur de poker anglais qui vient passer quelques semaines par an dans sa résidence secondaire sur les bords de la côte sud d'Istrie. Une vue magique, un lieu splendide, et une chouette soirée à parler de tout et de rien. Non loin de là, à Moscenice, une paisible petite bourgade perdue dans les collines, j'ai été superbement accueilli par la Famille Kumicic. Olivier est originaire du coin, mais a grandi en France. Et Loetitia est originaire de Bueil, village se situant à quelques kilomètres de chez moi en Normandie ! Nous avons été mis en relation par l'intermédiaire de nos parents respectifs. Une très belle rencontre, qui m'a donné une porte d'entrée sur la culture du pays …
 
… Qui cependant n'a pas encore porté ses fruits. J'ai beaucoup de mal à établir le contact avec les locaux. Si je devais utiliser un seul mot pour les caractériser (en toute subjectivité), j'emploierais l'adjectif « placide ». Là où auparavant ma monture provoquait la curiosité et me servait de brise-glace, les croates y restent au contraire assez indifférents. Ne pas être au centre de toutes les attentions peut comporter certains avantages, mais sûrement pas celui de tisser du lien. Parfois je me dis, un extra-terrestre pourrait traverser la Croatie sur une brouette, cela ne les émouvrait pas plus que ça. A moi de redoubler les efforts, donc. Je n'ai pas dit mon dernier mot. Et puis la route me tient fort bien compagnie, elle devient à défaut de mieux une rencontre en soi-même.
 
De toutes façons, je ne suis jamais seul. Après la pluie, c'est le vent qui est venu m'accompagner quelques jours dans mes pérégrinations. La Bora (prononcez « BBourra ») se manifeste par rafales allant du continent vers la mer, pouvant allégrement atteindre les 50 km/h (correction du 29 octobre : on m'annonce des vents jusqu'à 200 voire 270 km/h, heureusement je n'ai pas eu à tester cet extrême !). J'en suis resté tellement soufflé qu'une fois je me suis retrouvé à terre avant même d'avoir pu poser le pied sur la pédale. Après l'Istrie, j'ai fait le choix de la montagne et d'aller découvrir la vallée de la rivière Lika, une région qui a été au centre du conflit balkanique des années 90. La région porte encore de nombreux stigmates visuels de cette période, en témoigne les nombreuses maisons abandonnées criblées d'impacts de balle et les vastes parcelles de terrains pas encore déminées. Avec les bourrasques, il y régnait comme une ambiance de fin de monde …
 
En se rapprochant de la côte, je peux enfin profiter de températures plus estivales. J'ai été aujourd'hui pendant mon jour de repos aller visiter les chutes d'eau du parc naturel Krka (prononcez comme vous voulez) : cela a été ma merveille de la semaine. Et puis j’écris ses lignes depuis une reposante plage d'eau douce. Le repos du guerrier. Je n'ai pas encore rejoint la côte, je fais un peu durer un peu le plaisir en prolongeant ma visite dans l'arrière-pays.
 

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Rovinj J106 Croatie

La météo du cyclocampeur

Écrit à Rovinj (Croatie) le 14/10/15 - km 940 sur nouveau compteur (+2700 ancien compteur)

Traverser les petits villages d'Istrie se révèle être un épisode fort agréable. En empruntant la Panrenzana, ancienne voie ferrée reconvertie récemment en route cyclable, on commence à Trieste en Italie pour finir à Porec sur la côte adriatique croate, en passant par la Slovénie (Piran) et puis les bucoliques villages des collines d'Istrie (Buje, Grozjnan …). Si en Slovénie on a de la bonne piste asphaltée, en Croatie, c'est un chemin terreux et caillouteux que l'on doit sillonner. Un moment de plaisir tant que le soleil est de la partie, mais qui se transforme en cauchemar lorsque la pluie s'en mêle. Depuis Ljubljana j'ai réussi à rouler entre les gouttes, j'ai même eu des journées de bonheur presque estivales … Mais voilà, depuis deux jours, j'essuie averses sur averses et j'ai du quitté à regret la champêtre Panrenzana pour épargner la gadoue à mes mécaniques, et puis reléguer toutes mes priorités derrière celle de me trouver un toit au sec pour la nuit. Quitter ce chemin cabossé m'a de facto porté sur les plus grands axes, partagés avec certains chauffeurs qui ne semblent pas se soucier des limitations de vitesse. 

 

Car sur la côte istrienne, les petites routes de campagne n'existe pas vraiment. Si l'on veut s'écarter de l'axe principal, on doit forcément goûter de la terre. Comme j'ai hâte que cette pluie en finisse pour à nouveau pouvoir les emprunter ! Ce que m'a montré la Croatie pendant ces trois premiers jours, ce sont des bourgades d'une beauté exquise, malheureusement parasitées par le tourisme de masse. Les bannières publicitaires king size font partie intégrantes du paysage, pour inciter le chaland à dépenser son argent. Je suis heureux de pouvoir parcourir cette région en octobre, c'est à dire en hors-saison. Je ressens toutefois tout ce potentiel « business » par le nombre colossal d'offres de logements saisonniers et de paillotes fermées sur le bord de la route. En fait, c'est surtout dans les terres que j'ai trouvé de la tranquillité et de l'authenticité. 

 

Abandonner le projet de la Bosnie a été une petite déception. D'autant plus que j'ai du aussi laisser de côté la montagne slovène et le parc naturel du Triglav, le froid ayant fait une apparition soudaine. A une semaine près, j'aurai pu découvrir quelques joyaux naturels comme le lac de Bled et la rivière Soca. J'ai parfois l'impression de faire la course avec la météo. Toutefois, la Slovénie a été un coup de cœur de voyage, pour le sourire de ses habitants, pour la poésie de ces paysages. J'aimerai y revenir un jour, pour visiter ce que j'ai manqué, mais cette fois-ci au bon moment de l'année, et voire même  un peu plus léger. Ma déception a tout de même été apaisée par la découverte de ce monument troglodyte exceptionnel, le château de Prejdama, et puis la révélation Piran, merveille de la côte adriatique. Et comment rester de marbre devant Rovinj, le mont St-Michel d'Istrie.

 

Autre ville majeure à mettre à mon actif, Trieste. Et un nouveau pays, accessoirement : l'Italie. J'ai toujours adoré traverser les frontières, même si dans l'espace Shengen cela ne représente plus grand chose. On dénote toujours quelques menus changements qui attisent l'attention et la curiosité. Bizarrement, les abords de frontières sont visuellement souvent assez moches, mais les stimuli de la nouveauté me donnent toujours un sentiment d'exploration et d'initiation. En passant de la Slovénie à l'Italie, puis de l'Italie à la Slovénie, et enfin de la Slovénie à la Croatie, le tout en 3 jours, mes sens ont été en éveil constant.

 

Ce qui m'a le plus marqué lors de mon arrivée en Italie, c'est l'odeur du bon café qui flottait dans l'air. Un peu cliché peut-être. Parfois ce que l'on remarque, c'est ce que l'on s'attend à retrouver … Trieste, cité multiculturelle croato-sloveno-italienne, n'a pas été exactement le genre de ville bike-friendly à laquelle je pouvais m'attendre, après mon arrivée-épopée dans le centre depuis une piste cyclable de toute beauté . C'est une agglomération totalement hostile au vélo, qui n'a ici aucune piste dédiée, aucune place de parking, aucun lieu de subsistance. Je parierai même qu'il y a une réelle volonté de la part de la municipalité de le défavoriser. Du coup je me suis senti un peu seul sur ma monture lorsque j'ai décidé d'arpenter les rues. Une ville atypique, intéressante, mais un peu surannée. Tout le contraire de Ljubljana, ville dynamique qui a su donner la part belle aux deux roues à pédales. Bon, il y a peut-être une explication topographique à tout cela, les collines de l'italienne n'invitant pas forcément au plaisir de rouler à la force du mollet ...

 

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Soteska (juste avant Ljublajana)

Au revoir Autriche, bonjour Slovénie !

Écrit le 05 octobre 2015 à  Soteska (Slovénie) – km 578 nouveau compteur (+2700 ancien compteur)

J'ai mis environ 5 jours à me remettre dans le voyage.
Le déclic, cela a été mon premier hôte warmshower en Slovénie, Anton. Dans sa ferme à 10 km de Maribor, le bestiaire est varié, on y trouve en vrac des lamas, alpagas, baudets, chevaux, chèvres, cochons vietnamiens et chats de campagne. Tous semblent y vivre paisiblement, sous le protecteur amour de leur propriétaire. Moi aussi, j'ai choyé les animaux, tout comme je l'ai été. Partager le quotidien de ce passionné de vélo, moto et de son pays (entre autres), ce fut une bouffée d'air frais, nécessaire et salvatrice.

Anton et ses bêtes
Avant cela, j'ai passé 5 nuits en bivouac, depuis Vienne jusqu'à la frontière slovène. 5 campings sauvages de toute beauté, dans des endroits idylliques, en montagne, en forêt, en bord de rivière. J'ai été coupé du monde pendant tout ce temps, n'adressant la parole que lorsque c'était strictement nécessaire. 


Et puis en Slovénie, tout a changé. Les badauds sont curieux, entament volontiers la discussion et échangent volontiers leur sourire contre le mien.
Alors voilà, me voici enfin de retour sur la route !
Je retrouve peu à peu ma condition physique, même si c'est laborieux. D'autant plus que c'est fini le plat pépère de la route Eurovelo 6. Maintenant, place à la montagne, et à de nombreuses collines.
Il y a un avantage dans tout ça : les paysages sont magnifiques, beaucoup plus variés que ceux de la vallée. Il y a donc une motivation derrière chaque relief. A mon actif un petit pic à plus de 950 m pour se chauffer tranquillement, en Autriche. 


Ce qui change aussi, c'est la météo. Je suis entré à Vienne avec un grand soleil, tout juste en sortie de canicule, et 40 jours plus tard, c'est presque l'hiver qui sonne à la porte. Aussi, il n'y a plus de route vélo balisée. Ni de trace GPS pour mon logiciel de navigation. Je dois composer moi-même mon itinéraire au jour le jour, ce qui me donne une plus grande liberté, mais aussi me donne plus de travail, et la sensation de passer à côté du meilleur chemin parfois.
Petit avantage, cela me donne l'occasion de composer la route avec les locaux, et ainsi glaner de précieux renseignements. Autre changement important, l'heure de coucher du soleil. Je dois me mettre à la recherche d'un bivouac à 17h alors que fin aout je pouvais me permettre d'y penser à partir de 19h.
Autant d'heures en moins de pédalage, cela raccourci les journées.

J'ai aussi pris deux décisions majeures pour la suite de mon voyage. J'ai décidé de zapper Sarajevo. En tous cas, je ne m'y rendrai pas en vélo. La variante météo est trop imprévisible, je peux me taper de la neige, le grand froid, et je ne suis pas équipé pour. Je vais donc prendre la direction de la côte adriatique.C'est pas mal tout de même, non ?
J'avais hésité longuement lors de ma première ébauche d’itinéraire. L'une des raisons pour laquelle je ne l'avais pas choisi, c'était par crainte de m'y retrouver en pleine saison touristique. Maintenant, ce risque n'existe plus, et je pourrais profiter encore quelque temps de la douceur du climat méditerranéen en bonus.

Par contre, je n'ai pas renoncé à faire de la montagne. Mais ce sera celle de Slovénie. Anton m'a refilé quelques bons tuyaux et surtout l'envie de mieux connaître son pays. Il existe une rivière, dont l'eau est bleue comme la mer des caraïbes. Elle s'appelle la rivière Socca et prend sa source dans les Alpes slovènes. Cela me donnera aussi l'occasion de traverser le splendide parc naturel Triglav. Il y a un col à 1600 m, du gros dénivelé positif. C'est un challenge de taille. Je m'y frotterai sous réserve de bonne météo (je viens de regarder,les prévisions ne sont pas si bonnes, j'hésite à y aller).

Toutefois le ciel est avec moi pour le moment. Mis à part le catastrophique jour du départ où je me suis pris une averse bien bien velue, je n'ai pas été mouillé. Et même mieux : j'ai eu parfois du soleil, de la douceur et même souvent le vent dans le dos (rectification : il pleut des cordes depuis mon arrivée hier à Ljubljana) … Dans ces conditions, difficile de ne pas profiter de la route, pourvu que cela dure ! 

J'ai bien sûr souvent une pensée pour tous ceux qui m'ont bien aidé à acquérir ce nouveau vélo. Il est splendide, j'ai les mêmes sensations qu'avec le premier. Il y a eu quelques trucs mineur à ajuster comme l'alignement des roues, qui ont du prendre quelques coups pendant le transport, mais maintenant il est à point.
Me reste plus qu'à pédaler !

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Vienne et Bratislava

Un nouveau départ

Le nouveau départ, c'est pour aujourd'hui ! Le vélo est fin prêt, et je suis rechargé à bloc. Quel plaisir de pouvoir à nouveau chevaucher un super vélo. Comparé à celui que l'on m'avait prêté en attendant, même s'il m'a rendu de fiers services, j'ai l'impression d'être sur coussins d'air !
C'est une énorme satisfaction de pouvoir compter à nouveau sur du tel matériel, une chance incomparable qui m'est donnée à nouveau de pouvoir réaliser ce projet qui me tient tant à coeur.
 

J'ai passé plus d'un mois à Vienne (c'est passé à une telle vitesse !), avec quelques virées occasionnelles à Bratislava, dans un premier temps pour essayer de retrouver mon vélo, et ensuite pour aller rendre visite.
J'ai toujours apprécié aller saluer ma bienfaitrice Martina, qui m'a tant soutenu le jour du vol (et bien après). Elle m'a fait découvrir son pays et sa culture, notamment par le biais de l'excellente cuisine slovaque. En témoigne les quelques kilos que j'ai gaillardement repris.
Et que dire de mes hôtes warmshowers viennois, Birgit et Berni, qui sont devenus mes amis, eux aussi. Ils m'ont aidé à surmonter cette épreuve, m'ont réconforté, et maintenant cela me fait tout drôle de partir ! J'avais pris des habitudes apaisantes, j'ai aimé passer du temps avec eux, nous avons partagé des moments de camaraderie et d'affection.
C'est avec un petit pincement au coeur que je m'éloignerai de cette maison qui a été mon refuge, mon abri, mon oasis.

Et c'est aussi avec quelques craintes que je quitte Vienne. Je sais pertinemment qu'elles s'enloveront dès les premiers coups de pédales, mais elles sont là, et témoignent des défis à venir.
Penser aux étapes de montagne m'a toujours un peu angoissé pendant le voyage, appréhension qui s'est rafermie depuis que nous sommes dorénavant rentrés officiellement dans l'automne, et que les températures chutent allègrement.
Suis-je suffisamment équipé contre le froid ? Et serais-je capable de gravir les dénivelés ? Il y a aussi l'actualité, les réfugiés, et la crainte de me heurter à la fermeture de  certaines frontières, et de devoir encore retarder mon périple (de tout coeur, je leur souhaite de trouver une terre de bon accueil). Aussi, l'inquiétude de me faire de nouveau voler va trainer un certains temps dans ma tête, jusqu'à ce que je retrouve la confiance, sans tromper ma vigilance, je l'espère. J'avais aussi quelques questionnements intérieurs avant mon départ en août, et une fois sur la route je n'avais plus assez de temps pour y penser !
Dans l'action, on trouve toujours une solution, il n'y a pas de place pour le doute et l'égarement. C'est une question de survie.

Qui sait, je suis peut-être atteint du syndrôme typiquement viennois de deuil et mélancolie, cher à Sigmund Freud, le local de l'étape. Si je demande à un autochtone de caractériser sa ville, nombreux ceux qui évoqueront ce sentiment de nostalgie obscure et majestueux, que l'on pourrait peut-être comparer au fado portugais ou à une version autrichienne du spleen parisien.
Alors, finalement, je me suis peut-être bien imprégné du lieu ... Même si la caractérisation précise de ce concept m'échappe bien encore.
 

Ce qui m'attend, c'est tout le contraire : vivre le moment présent ! Il y aura de la joie, de la bonne humeur, et surement même de la sueur. Il y aura peut-être quelques jours de flottement, mais une chose est sûre : c'est reparti pour un tour !
Merci encore à tous pour votre soutien.

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Krems on der Donau J47 km2462 Autriche

Les ennemis du cyclocampeur

Écrit à Krems on der Donau (Autriche) le 17/08/2015 - km 2462

Voilà 1 mois et demi que je suis parti, avec aujourd'hui plus de 2400 km au compteur, et à peine à plus d'une centaine de kilomètres de mon premier grand objectif intermédiaire, Vienne.
Les premières semaines de mon voyage, la Vallée de l'Eure, la Beauce, le Bec de l'Allier, les magnifiques bords de la Loire me reviennent déjà comme de lointains souvenirs heureux … Les suivants se distilleront lentement au fil des kilomètres, pour enfin faire parti de mon livre intérieur. Ils me serviront de fioul à méninges, de lubrifiant pour le cœur. Et l'expérience engrangée, à être plus toujours plus efficace et sage face aux impondérables de la route.
 
Walaha
A ce titre, le cheminement du cyclocampeur n'est pas uniquement amour et volupté, il doit régulièrement faire face à certains fantômes.
Les ennemis du voyageur à vélo se montrent parfois pressants, toujours en filigrane, et il advient à l'aventurier de les tenir éloignés ou d'en faire ses compagnons.

Son premier grand ennemi, qui peut-être aussi son meilleur ami, c'est la météo

Ensuite vient la routine. Si sur des vacances d'une quinzaine de jours elle peut servir de rythme, elle devient dangereuse sur le long cours. Elle endort les sens, rend irritable et prévisible, tue l'improvisation. Cela n'exclue pas avoir quelques petits rites qui peuvent servir de repères, rassurants et réconfortants.
Pour la combattre, quels trucs : ne pas se lever et se coucher à la même heure chaque jour, varier les types de « logements » (camping, bivouac, chez l'habitant, en ville, à la campagne …), improviser des visites, ne pas avoir d'objectif kilométrique journalier régulier, rester ouvert aux propositions inopinées … 

Les pannes mécaniques. A part une crevaison et quelques petits réglages à effectuer, elles m'ont épargnées jusqu'à là. Le truc, avoir les outils adéquats et effectuer un entretien régulier. Il ne s'agit pas de devenir obsédé par le moindre bruit mécanique inhabituel, mais plutôt de ne pas laisser traîner trop longtemps un petit dysfonctionnement. Avoir du bon matériel, ça aide aussi.

Les pannes corporelles. Au même titre que les précédentes, un entretien régulier est recommandé. Étirements journaliers, sommeil réparateur, alimentation saine et équilibrée (je fais ce que je peux sur ce point) sont vivement recommandés.
Je veille particulièrement à la santé de mon pied droit, mon tendon d'Achille (littéralement). A partir du 17eme jour j'ai commencé à avoir des douleurs qui ne me quittent plus depuis mais qui ne m'empêche pas de rouler. C'est le principal. Je gère ça sereinement.
Finalement, ce soucis « technique » chronique, c'est le régulateur de mon voyage, je l'accepte comme tel.

Viennent ensuite la monotonie, l'ennui, le manque de curiosité, l'indifférence …  Pour combattre l'ennui en roulant, j'ai trouvé une parade : écouter de la musique. C'est le reboost assuré.
Je partagerai d'ailleurs avec vous une petite playlist en fin de texte.
En Bavière, j'ai été confronté à ce sentiment. Si les agglomérations avaient en général beaucoup de charme, avec des couleurs chatoyantes et des rues accueillantes, il y manquait peut-être cette diversité d'architecture et de paysages qui donnent une dimension supplémentaire au périple.

J'ai adoré Regensburg (Ratisbonne en français). Ancienne cité romaine, ses habitants la présente comme la ville la plus au Nord de l'Italie. Il y règne une ambiance détendue, une atmosphère de dolce vita, comme en témoigne cette placette dans le centre ou les gens viennent entre amis y tremper leur pied en buvant une bière bien fraîche.
C'était aussi la ville de Jorge, l'un de mes deux warmshowers bavarois. Un chic type, tout comme Felix de Ingolstadt, qui lui partait pour un voyage à vélo de 6 semaines qui le mènera jusqu'au Maroc (dans un mode un peu plus sportif, donc). Il s'est engagé pour la cause des migrants, nombreux dans sa ville, et il espère récolter des fonds. J'ai aussi rencontré Matthieu le polonais (dont j'ai francisé le prénom) qui lui a plus de 116.000 km de pédalage européen à son actif (et un vélo avec des clochettes de vaches indiennes) !
Les autres grandes villes où je me suis arrêté : Linz et Passau : cette dernière est vraiment splendide, juste à la frontière entre l'Allemagne et l'Autriche.
 
Regensburg
Il y a eu aussi cette fête traditionnelle Bavaroise à Straubing, la seconde plus importante de la Bavière. Le principe, une grosse fête foraine à la manière de la fête des Loges (pour les enfants), et de nombreux endroits pour boire de la bière (pour les adultes). Avec des concerts, de la bouffe. L'ambiance est sympa et cordiale, l'endroit estidéal pour se lier avec les locaux, détendus, dans leur fief.
Tous arborent le costume traditionnel bavarois : décolletés plongeants de rigueur pour les filles et virils pantalons à bretelles en cuir pour les garçons, avec une chemise à petits carreaux blanc sur couleur qui se rapproche beaucoup de mon propre style vestimentaire (je suis d'ailleurs presque passé inaperçu).
 
Festival de Straubing
L'Autriche, c'est autre chose niveau paysage. C'est une nature grandiose, des plages de sable fin au bord du Danube, une région viticole qui a su garder son caractère médiéval … Une bouffée d'air frais qui me redonne l'envie de lever le nez.
Je suis enfin très pressé de commencer la seconde partie de mon voyage, après Vienne, celle qui me mènera jusqu'à mon second objectif intermédiaire : Sarajevo. Jusqu'à maintenant, les pays que j'ai traversé, c'était une redécouverte, mais à partir de la Slovénie, tout sera nouveau pour moi, et l'excitation est à son comble !
 
Après Passau, en Autriche

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Neuburg on der Donau J36 km1784 Allemagne

La bonté en voyage

Ecrit le 05-08-15 à Neuburg on der Donau, km 1784

Emprunter un chemin coupant un champ de maïs, humer l'odeur du blé fraîchement coupé, le vent dans le dos, se faisant chatouiller le nez par les premiers rayons du soleil … Cela ressemblerait à ça, le sentiment de plénitude ? A l'inverse pour moi, lors de ces petits moments de grâce, j'ai plutôt la sensation d'avoir l'esprit que se vide, petit à petit, pour me concentrer finalement sur ces agréables stimuli de la nature.
Alors c'est peut-être ça, le secret, il faudrait accepter et expérimenter la vacuité complète avant de pouvoir se remplir à nouveau … 
 

Après le lac de Constance j'ai découvert une des plus jolies régions qui soit, située entre là où termine la forêt noire et là où le Danube prend sa source (autour de Tuttlingen).
Une jolie nature, préservée, peu visitée, car c'est aussi très vallonnée, c'est en effet la partie la plus haute la route vélo 6, qui va de Nantes à la Mer Noire (point culminant à 862m). 
 

862 m !

La traversée a été aussi pour moi l'occasion d'une belle aventure. Je cherchais un bivouac au plein milieu de la foret, dans une partie habitée qui me semblait être un restaurant ou hôtel, cherchant à obtenir l'aval du responsable des lieux pour y planter ma tente sans problème.
Finalement, je tombe sur Stephan, le chef cuisto et boss du resto, qui me déniche un super spot et m'invite à l'apéro et au petit-dej (royaux). Il me présente aussi à une famille de français cyclo-campeurs (2 parents 2 fils 1 fille) faisant la route jusqu'à Bethléem : je voyagerai avec eux les 3 jours suivants. Stephan, notre ange gardien du jour, a été de cette bonté que l'on espère rencontrer en voyage.
 

Stephan

Voyager en famille, donc. C'est de l'organisation, du rangement, des horaires, mais aussi et surtout  de la bonne humeur ! J'ai apprécié partager leur quotidien, leurs habitudes, leur manière de voyager sur ces quelques jours. On s'est mutuellement encouragé dans les montées, attendu après les grosses descentes …
C'est sûr, c'est complètement différent que le voyage en solo. Les enfants étaient adorables, de ceux qui préfèrent le bivouac à la dur plutôt que le camping surpeuplé d'enfants de leur âge. 
 

La famille Berchon
S'en est suivi une période plus sèche au niveau des rencontres, une fois rentré en Bavière. C'est en partie du à mon choix de faire du camping en milieu sauvage. Aussi du à cette barrière de la langue. Elle me ferme de nombreuses portes. Et puis aussi, je ne m'y attendais pas, à l’accueil un peu froid d'une partie des bavarois.
Cependant, il ne faut pas que j'oublie : c'est toujours à moi de faire le premier pas. Ce n'est pas parce que il m'est arrivé un tas de trucs sympas jusqu'à présent qu'il faut que j'arrête de faire des efforts. La teneur de la suite de mon voyage ne sera que le résultat de mon implication quotidienne dans les relations humaines.
J'apprécie toutefois cette période plus solitaire, c'est finalement plus conforme à l'idée initiale que je me faisais de mon périple.

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Radolfzell J28 km1379 Allemagne

Ma vie est un road-movie

Écrit le 28 juillet 2015 à Radolfzell (Allemagne) – km 1379

*** 1er bilan intermédiaire ***

Crevaison : 1
Nb de nuits en bivouac : 6 
Nb de nuits Warmshower : 14
Nb de nuits en camping : 5
Nb de nuits invité chez l'habitant : 2 
Nb de bouquins lus : le premier est en cours (même pas le temps de lire ma pauv' dame)
Nb de piqûres d'insectes : je ne compte même plus
Nb de belles rencontres : je ne compte plus non plus, mais c'est nettement préférable aux piqûres de moustiques.


J'ai toujours affectionné le style du road-movie américain, Thelma et Louise, Paris-Texas, etc ... Il y a dans ces films une expression du désir d'avancer, sans se retourner, vers une aventure certaine et ses rebondissements rocambolesques. L'anti-application totale de l'expression "On sait ce que l'on perd, mais on ne sait pas ce que l'on gagne".

Et bien, ce que je vis, en ce moment, est très proche de ce que l'on peut trouver dans ces histoires filmées de voyageurs sur roues : chaque lever de soleil est pour moi l'occasion de vivre une nouvelle aventure, avec ses incertitudes, son lot de rencontres improbables, de micro-décisions à prendre qui affecteront la suite des événements.

En cela, j'essaye de rester le plus ouvert possible, de suivre mon instinct, pour rester à la disposition de mon voyage. Je maximise mes chances de vivre l'inattendu. Et je mesure maintenant l'importance de mon choix de voyager sans contrainte de temps ni d'objectif kilométrique journalier. Je fonce ou temporise, peu importe, je vis l'instant présent.
 
La Véloroute

Depuis mon dernier article, j'ai considérablement réduit le rythme. Mon corps me le réclamait. J'ai diminué la distance journalière à parcourir, et multiplié les journées de "repos" chez mes hôtes du moment.

L'Est de la France et la frontière suisso-allemande sont nettement plus urbanisés que les bords de la Loire, et il est plus aisé de trouver des « Warmshowers » qui acceptent de m'héberger pour une ou deux nuits. Je partage leurs actualités : à Mulhouse, j'ai participé avec Dominique le cyclactiviste à une "Vélorution" (que j'ai même filmée pour le compte de son association) et connu le groupe Alternatiba, qui promotionne la transition énergétique sur leurs tandems à 4 places.

A Bâle, j'ai pu aller nager dans le Rhin avec mon "sac-poisson", grâce aux explications de Nathalie et Bertrand le jeune maraîcher. Laurent et Katia de Montbéliard m'ont enchanté de leur bonne humeur, et prouvé qu'une famille à vélo, c'est tout à fait possible (et même recommandé).

En Suisse à Eiken, j'ai aussi découvert le monde de la talentueuse artiste-peintre suisso-canadienne Chantelle, une superbe rencontre (lien vers son site web). Enfin, sur les bords du lac de Constance à Radolfzell, j'ai croisé le chemin de la généreuse Sidy, brésilienne expatriée depuis 20 ans en Allemagne. Je fais donc moins de kilomètres mais beaucoup plus de rencontres ! Cependant, j'ai des fourmis dans les jambes, et je pense bientôt reprendre un rythme bien plus soutenu.

Le Danube est proche, la Bavière m'attend. Et tout le reste, aussi.
 
Chantelle de Eiken

Au niveau des paysages, je suis passé par de l'un peu plus urbanisé, entrecoupé de passages nature très appréciables. La vallée du Rhin, sur la frontière franco-suisse, est un exemple concret de bonne planification et répartition entre l'industriel, l'urbain et la protection de la faune et flore locale.

Mais le must, ce sont les petits villages fluviaux restaurés de l'époque médiévale, que c'est bôôôôô. On traverse des ponts de bois, des entrées fortifiées, admire des balcons et statues d'époque. Un charme indéniable :)
 
Lac de Constance

Pour revenir une dernière fois sur mon passage français, cela m'a donc permis de mesurer la beauté et la diversité des paysages, mais aussi de l'importance pour l'échange verbal d'un mode d'expression commun.

Je le mesure depuis mon passage en Suisse, la barrière de la langue ne me permet pas de comprendre ce que me disent spontanément les gens dans la rue. Parfois, même, je ne comprends pas d'emblée si c'est plutôt négatif ou positif. L'allemand redéfinit les nuances de la langue, je vais devoir m'y adapter.
Et désoxyder mon poussiéreux anglais avec cette bonne vieille "french touch" nouvellement saupoudré de globish indien passe-partout.

Il y a toutefois quelques menues situations tendues, en raison de l'amour de certains suisses pour les règles implicites : c'est la première fois pendant mon voyage que mon vélo a semblé déranger quelques uns, qui ne sont pas privées de me le faire savoir, avec (ou sans) sourire. J'imagine que cela sera de plus en plus le cas, car je vais emprunter sur les bords du Danube une partie de la véloroute très fréquentée par les cyclotouristes en été. Et qui dit tourisme abondant dit local pas forcément baisant.

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L'Isle sur le Doubs J16 km967 Doubs

Le cyclocampeur

- Le 16 juillet au camping de L'Isle sur Doubs, au kilomètre 967 -

Je profite de mon premier jour de repos, aujourd'hui 16 juillet, pour éviter la première journée de cette nouvelle vague de canicule, et pour récupérer un peu de la fatigue accumulée des presque 1000 kilomètres avalés en un peu plus de deux semaines. 

J'ai vu des paysages spectaculaires (le Bec d'Allier, la Bourgogne et tout dernièrement le Doubs, aux portes de la Suisse), rencontré mon lot de personnes formidables. J'ai aussi découvert des villes charmantes, qui m'ont donné l'envie d'y retourner un jour comme Dôle ou Besançon, pour des raisons différentes.
La « véloroute » est relativement plate. L'itinéraire suit principalement les canaux des fleuves et rivières (de Nantes à la Mer Noire), sur un faux plat presque indétectable, mais donne aussi au cycliste quelques belles montées bien corsées (itinéraire bis) : c'est l'occasion de connaître l'arrière-pays, de briser la monotonie du canal, de scruter les plus belles vues et de traverser les villages.
Le plus intéressant, donc, mais aussi le plus épuisant.

La campagne bourguignonne
L'exaltation initiale se mue en rêverie.
Le cyclocampeur est un observateur éclair de la vie. Mes actualités d'hier, celles d'avant mon voyage, sont remplacées peu à peu par mes préoccupations du jour : où vais-je dormir ? Que vais-je manger ? Quel sera le lieu idoine pour s'arrêter ? Les pensées sont vagabondes, la concentration constante.
Je suis rêveur et déterminé.

Basilique de Paray le Monial
Je pense aussi ralentir mon rythme. Qui veut aller loin ménage sa monture. Et puis, au sortir de mon pays, je souhaite m'imprégner de celui que je traverse.
Pour cela, pas de secret, il faut temporiser. Ce n'est pas que j'ai spécialement envie de quitter la France, mais je crois que partir dans les starting blocks a été ma façon d'évacuer l'excitation du départ. Donc l'avenir passera par moins de kilomètres journaliers (de 70-80 à 50-60 par exemple) ou alors plus de journées de repos.

La charolaise
Je dois toutefois avouer que cette traversée de la France est une grande découverte. Tous les 100-150 bornes, l'architecture et les paysages changent. On peut aussi dégager des traits dominants du caractère des gens par région. Avec tout le biais qu'implique l'observation à vélo.
La France est un pays riche de son patrimoine, de sa culture, par sûr que je trouve autant de diversité ailleurs. C'est une parfaite mise en bouche pour la suite, et un excellent entraînement au pédalage sans perte de repères. Pour le dépaysement, j'attends avec impatience la traversée des Balkans.
Autant que je la redoute : les montagnes qui se dresseront sur mon passage, c'est un sacré challenge. Insurmontable ? Je ferai en fonction de mon état de forme du moment … Let's see !

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Beffes J7 km395 Cher

La dette grecque

Jour 7 à Beffes (18) – km 395 (en réalité je suis arrivé à Bourbon-Lancy et au jour 10 -un peu plus de 500 km - mais il y aura toujours un petit décalage entre le moment ou j'écris l'article et le publie, le temps de trouver une bonne connexion wifi)

La dette grecque : c'est le premier sujet qui vient à la bouche de mes interlocuteurs de passage lorsque j'évoque la destination finale de mon voyage. Alors, forcément, ça politise un peu le parcours, et je pense me faire une idée bien précise sur la question d'ici Athènes ...
Quelque part, cela donne un fil conducteur à mon voyage, et je peux remercier indirectement Goldman & Sachs et JP Morgan de m'avoir donné ce sujet de conversation brise-glace. 
 
Le prologue de ce road trip tient toutes ses promesses, et s'avère même bien plus passionnant et intense que je ne l'avais imaginé depuis mon antre normande.  Il ne m'arrive que de belles choses : chaque jour je fais des rencontres improbables, je déniche des endroits idylliques pour établir mes bivouacs, mes hôtes Warmshower (sorte de couchsurfing pour les cyclistes) sont des gens charmants et enrichissants.
Bref, que du bon, mis à part la chaleur infernale qui m'oblige à modérer mes ardeurs. Je suis exalté, chaque micro-évenement me donne l'occasion de m'extasier. C'est peut-être un état de grâce propre au voyageur solitaire. 
 
La Beauce
Les paysages sont variés, la Vallée de l'Eure fut une bonne mise en bouche, la traversée des interminables plaines de la Beauce sous le cagnard une épreuve. Me retrouver au bord de la Loire, c'est le début de l'aventure. Ce fleuve sauvage est bordé de petites villes médiévales (Gien, La Chapelle-Montlinard), d'îles repères à oiseaux, de villages pittoresques (Ousseau ...) et de gens qui prennent le temps, au rythme de l'eau.
 
Gien
Les moments-forts (non exhaustif) :
- Mon premier arrêt au troquet « l-dos-à-dos » de Fermaincourt, cela a donné le ton du voyage
- Mon premier bivouac au petit Chérisy, au bord de l'Eure, suivi de l'invitation de Jean-Luc artistre-peintre
- La visite de Gien en pleine fête médiévale
- Mon second bivouac au bord de la Loire, éclairé par Nicolas le Berger
- Mon dernier bivouac sur les coteaux du vignole de Sancerre (la classe)
- Avoir participer à une ouverture sur l'écluse de Pezeau (merci Rodolphe l'éclusier)
- Mes deux nuits chez mes warmshowers : Lena, grande aventurière qui m'inspirera pour le reste de mon voyage puis Muriel et Greg, cyclocampeurs en famille enthousiastes et communicatifs.
- Me faire pote avec Alfred le corbeau à la ferme des Barreaux

Je n'ai rien préparé de concret niveau itinéraire, et c'est justement ce qui me permet de vivre des moments pareils, sans arrière-pensée, sans être pressé.
Et je peux peut-être prétendre à la fin, atteindre ce que je recherchais, en entreprenant ce voyage : expérimenter la pure liberté.

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J -7

Et ça repart !

Et c'est maintenant que je reprends le voyage où je l'avais laissé en juin dernier. Pas d'un point de vue géographique, car je ne repars pas depuis l'Inde, mais plutôt moralement. Je m'étais donné une année pour me reconstruire une nouvelle manière de barouder : le contrat sera rempli mercredi prochain, le 1er juillet, lorsque j’enfourcherai ma monture à deux roues non motorisée, pour un périple qui me mènera jusqu'à la Grèce.
Je table sur 4 ou 5 mois. Je m’apprête à affronter les grandes chaleurs de juillet et août en longeant la Loire, à recherche du Danube jusqu'à Vienne. Et puis aux portes de l'automne, je traverserai les Balkans et m'en irai jusqu'en Grèce, si toutefois elle n'a pas explosé en cours de route devant les exigences de Bruxelles (je ne me mouille pas en affirmant toutefois qu'Athènes ne bougera pas sauf en cas d'éléphantesque tremblement de terre).

Voici l'ébauche de mon itinéraire :


Vous connaissez les routes Eurovélo (EV) ? C'est un réseau de pistes cyclables trans-européennes. J'avais emprunté une partie de la numéro 3 lors de ma précédente vadrouille vers Amsterdam, jusqu'à Namur.
Pour cette nouvelle étape, je vais continuer à utiliser ce réseau bien pratique : c'est plutôt rassurant pour un premier voyage au long cours à vélo d'avoir un parcours plus ou moins balisé, du moins au début. 

Depuis Orléans, ce sera donc l'EV6 jusqu'à Vienne. En passant par Bâle, puis la Bavière. De Vienne à Ljubljana, je sillonnerai  l'EV9. Enfin, à partir de Dubroznik et jusqu'à à Athènes, je longerai la côte adriatique par l'EV8. Finalement, il n'y a que la partie entre Ljubljana et Dubrovnik qui sera en freestyle. Avec comme objectif intermédiaire la capitale bosniaque que j'ai très envie de visiter, Sarajevo. Je pense que c'est bon mélange entre ville, montagne, mer et campagne.
En élaborant cet itinéraire, j'avais en tête la diversité des paysages.

Euroveloroute, c'est surtout un projet en cours de réalisation. Si certaines portions de parcours sont bien balisées, d'autres ne le sont pas du tout. Les pistes cyclables ne représentent pas la totalité du réseau - loin de là - , mais même si l'on doit partager le macadam avec des véhicules à moteur, cela devrait se faire sur de petits axes peu fréquentés (en tous cas je l'espère) …
L'état d'avancement du projet est assez disparate selon les pays et les moyens mis en œuvre. Mais le fil conducteur est un heureux vestige de ce que l'Europe aurait du être avant de devenir ce piètre levier économique et rouleau-compresseur politique : un espace où l'on circule librement, un projet philanthrope fruit d'une coopération entre différents états dans le but de rapprocher ses habitants et leur culture, de rendre les frontières intangibles.
Un peu à l'instar du programme Erasmus, qui a rapproché les européens bien plus que n'importe quel accord de libre-marché. Il faut souligner les belles initiatives du vieux continent, et c'est dans cet esprit que j'ai décidé d'aller visiter les cousins continentaux.

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