Vienne et Bratislava

Un nouveau départ

Le nouveau départ, c'est pour aujourd'hui ! Le vélo est fin prêt, et je suis rechargé à bloc. Quel plaisir de pouvoir à nouveau chevaucher un super vélo. Comparé à celui que l'on m'avait prêté en attendant, même s'il m'a rendu de fiers services, j'ai l'impression d'être sur coussins d'air !
C'est une énorme satisfaction de pouvoir compter à nouveau sur du tel matériel, une chance incomparable qui m'est donnée à nouveau de pouvoir réaliser ce projet qui me tient tant à coeur.
 

J'ai passé plus d'un mois à Vienne (c'est passé à une telle vitesse !), avec quelques virées occasionnelles à Bratislava, dans un premier temps pour essayer de retrouver mon vélo, et ensuite pour aller rendre visite.
J'ai toujours apprécié aller saluer ma bienfaitrice Martina, qui m'a tant soutenu le jour du vol (et bien après). Elle m'a fait découvrir son pays et sa culture, notamment par le biais de l'excellente cuisine slovaque. En témoigne les quelques kilos que j'ai gaillardement repris.
Et que dire de mes hôtes warmshowers viennois, Birgit et Berni, qui sont devenus mes amis, eux aussi. Ils m'ont aidé à surmonter cette épreuve, m'ont réconforté, et maintenant cela me fait tout drôle de partir ! J'avais pris des habitudes apaisantes, j'ai aimé passer du temps avec eux, nous avons partagé des moments de camaraderie et d'affection.
C'est avec un petit pincement au coeur que je m'éloignerai de cette maison qui a été mon refuge, mon abri, mon oasis.

Et c'est aussi avec quelques craintes que je quitte Vienne. Je sais pertinemment qu'elles s'enloveront dès les premiers coups de pédales, mais elles sont là, et témoignent des défis à venir.
Penser aux étapes de montagne m'a toujours un peu angoissé pendant le voyage, appréhension qui s'est rafermie depuis que nous sommes dorénavant rentrés officiellement dans l'automne, et que les températures chutent allègrement.
Suis-je suffisamment équipé contre le froid ? Et serais-je capable de gravir les dénivelés ? Il y a aussi l'actualité, les réfugiés, et la crainte de me heurter à la fermeture de  certaines frontières, et de devoir encore retarder mon périple (de tout coeur, je leur souhaite de trouver une terre de bon accueil). Aussi, l'inquiétude de me faire de nouveau voler va trainer un certains temps dans ma tête, jusqu'à ce que je retrouve la confiance, sans tromper ma vigilance, je l'espère. J'avais aussi quelques questionnements intérieurs avant mon départ en août, et une fois sur la route je n'avais plus assez de temps pour y penser !
Dans l'action, on trouve toujours une solution, il n'y a pas de place pour le doute et l'égarement. C'est une question de survie.

Qui sait, je suis peut-être atteint du syndrôme typiquement viennois de deuil et mélancolie, cher à Sigmund Freud, le local de l'étape. Si je demande à un autochtone de caractériser sa ville, nombreux ceux qui évoqueront ce sentiment de nostalgie obscure et majestueux, que l'on pourrait peut-être comparer au fado portugais ou à une version autrichienne du spleen parisien.
Alors, finalement, je me suis peut-être bien imprégné du lieu ... Même si la caractérisation précise de ce concept m'échappe bien encore.
 

Ce qui m'attend, c'est tout le contraire : vivre le moment présent ! Il y aura de la joie, de la bonne humeur, et surement même de la sueur. Il y aura peut-être quelques jours de flottement, mais une chose est sûre : c'est reparti pour un tour !
Merci encore à tous pour votre soutien.

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Vienne et Bratislava

La solidarité

La déception et le choc post-vol appartiennent dorénavant au passé, je tire (presque) définitivement un trait sur mon ancien vélo.
Je veux tourner la page et me concentrer sur la suite.
Je continue cependant mes recherches et les démarches administratives, on ne sait jamais, sur un coup de chance, un malentendu, quelqu'un peut tomber dessus, et je voudrais qu'on fasse le lien avec moi si un jour il venait à revenir à la surface. 

Je me partage actuellement entre Bratislava, où j'ai trouvé un hostel sympa, et Vienne, où mes hôtes warmshower ont la bonté de m'offrir le gîte.
A Vienne j'ai ma base logistique, où j'organise la venue et la future préparation de mon nouveau vélo, à Bratislava je garde contact avec les personnes qui m'aident à rechercher le vélo. J'y rencontre aussi des nouvelles personnes, découvre un peu la culture slovaque par la cuisine et la langue … J'ai décidé de profiter de mon séjour forcé ici, pour m'imprégner du lieu et des gens.
Après tout, je ne vais pas me morfondre éternellement dans l'attente de mon prochain coup de pédale !

Le lundi 24 août, à Bratislava, je me suis fait volé ma bicyclette, dans l'après-midi, alors que je me restaurais paisiblement.
J'avais laissé le vélo dans l'entrée du restaurant, si bien que pour une raison inconnue, la fatigue, trop de confiance, je n'avais pas contrôlé si l'antivol était correctement attaché. Un scélérat qui passait dans le coin s'est chargé de le faire à ma place, et est reparti avec le vélo sous le bras.
Pas de chance, moi qui d'habitude fait attention à ce genre de détail, il a fallu une seule erreur de déconcentration pour essuyer ce cauchemardesque larcin.
A vrai dire, c'était le pire scénario envisagé avant mon départ.
J'ai mis un certain temps à réaliser, et puis ensuite mon monde s'est écroulé, tous les projets établis depuis plusieurs mois, les rêves d'aventure, de rencontres, de découverte, je me voyais rentrer à la maison en n'ayant une fois de plus pas pu aller au bout.
Dans ce malheur, une petite compensation : j'avais laissé mes bagages à Vienne ...

Et puis, les jours suivants, l'espoir de nouveau permis. Grâce à tous les messages de soutien, déjà. Pas une personne ne m'a encouragé à rentrer !
Ce n'était qu'incitation à continuer, à me montrer plus fort que le chapardeur …
Cela m'a projeté de nouveau dans le voyage. Et puis, il y a eu cette collecte, la matérialisation de tous ces messages de soutien, et je dois dire, c'est une aide fantastique !
Je suis profondément touché par cet élan de générosité, aussi inattendu que précieux, par vos gentils mots, qui m'aident sacrément bien à me remettre en selle !
Je me sentais jusqu'à présent comme un voyageur solitaire alors qu'en fait je pédalais avec vous tous. Je suis très fier de pouvoir compter sur vous, amis et famille, et la suite de mon voyage aura dorénavant une saveur particulière, celle du bonheur partagé. 

Je vais donc pouvoir investir dans du matériel de qualité, ce qui me permettra de ne pas changer l'itinéraire prévu et d'affronter quelques arpents de montagne des Balkans.
Je suis en ce moment en pourparlers avec la boutique Rando-cycle à Paris pour me faire envoyer ma nouvelle monture depuis la France. Normalement, il devrait arriver vers la fin de la semaine prochaine. Avec quelques jours de montage supplémentaires à prévoir, je repartirai d'ici le lundi 14 septembre sur un destrier flambant neuf et capable d'avaler de nombreux kilomètres sans sourciller.
Vienne compte aussi de nombreux magasins de vélo où je pourrais acheter quelques accessoires indispensables.
Je veux aussi me renforcer au niveau sécurité. Quoi de plus normal ?
Je me promets aussi intérieurement de ne jamais plus connaître d'excès de confiance si je dois m'éloigner de mon vélo. 

Au final, quelle histoire, que d'émotions ! Si je dois tirer un petit bilan de cette mésaventure, j'en sortirais plus de positif que de négatif, vraiment.
Je n'en veux pas à mon voleur, et je ne m'en veux plus. Le voyage est ainsi fait de haut et de bas, et je souhaite que cet épisode soit le dernier du genre.
Et puis, en revenant d'aussi loin, chaque nouvelle douceur goûtée lors de mes prochaines balades sera savourée à sa juste valeur, j'en suis convaincu. Maintenant, je me concentre sur la découverte de ces deux villes antagonistes que sont Vienne et Bratislava.

A bientôt !

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Vienne et Bratislava

Vélo volé à Bratislava

Si il y avait bien un ennemi du cyclocampeur que je n'avais pas envie de mentionner, c'est bien le voleur. Et bien il est arrivé, lundi après-midi, à Bratislava, alors que j'avais naïvement mal fixé mon U au cadre de mon vélo (alors que je suis habituellement proche de la paranoïa concernant la sécurité).
Une mauvaise âme a saisi l'opportunité trop belle de repartir avec ma monture après cette erreur de concentration fatale de ma part.

Je suis encore sous le choc et j'ai encore du mal à réaliser que c'est fini pour ce vélo. Celui-là même que j'avais préparé avec minutie et passion les mois précédant le départ. Pour le moment, je dois encore encaisser le coup, mais je ne pense pas m'en arrêter là.
Il y a peut-être un espoir car la police slovaque semble très concernée par ce vol, c'est une bonne chose.
J'aimerai continuer le voyage et me racheter un vélo pourquoi pas, peut-être moins bien, et changer d'itinéraire si besoin, car clairement il me fallait ce super vélo pour attaquer la montagne des Balkans, avec mon problème au pied. 

Je suis pour le moment à Vienne, chez mes hôtes warmshower. Je dois dire que pour traverser cette épreuve, les soutiens sont essentiels et je n'en manque pas. Tout d'abord, Birgit et Bernie mes hébergeurs compréhensifs ne me mettent aucune pression et me remontent le moral.
Aussi, tout le soutien que j'ai eu à Bratislava, les employés du restaurant où le vélo a été volé.
Mais surtout de la patronne, Martina, qui n'a pas hésité à prendre un après-midi entier pour me consoler, aller faire un tour dans Bratislava avec moi à la recherche du vélo perdu, aller au poste de police pour faire la traductrice et enfin me ramener à la gare. Un nouvel ange-gardien, sans elle je serai encore à Bratislava à effectuer les démarches.
Et puis que dire, tous les encouragements que je reçois par email, facebook et sms ... Si pour le moment je suis encore abasourdi, cela m'aide à remonter la pente et clairement me redonne de la force pour surmonter ce nouvel obstacle.
Et ma famille, bien sûr. Une amie a même initié une collecte sur le web ... Je suis vraiment touché par cette démarche, de ressentir tous ces encouragements à continuer mon voyage (voici le lien vers cette collecte). 

Un gros coup dur, à surmonter, je vous tiens au courant de la suite. Voici quelques photos du voleur.

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Krems on der Donau J47 km2462 Autriche

Les ennemis du cyclocampeur

Écrit à Krems on der Donau (Autriche) le 17/08/2015 - km 2462

Voilà 1 mois et demi que je suis parti, avec aujourd'hui plus de 2400 km au compteur, et à peine à plus d'une centaine de kilomètres de mon premier grand objectif intermédiaire, Vienne.
Les premières semaines de mon voyage, la Vallée de l'Eure, la Beauce, le Bec de l'Allier, les magnifiques bords de la Loire me reviennent déjà comme de lointains souvenirs heureux … Les suivants se distilleront lentement au fil des kilomètres, pour enfin faire parti de mon livre intérieur. Ils me serviront de fioul à méninges, de lubrifiant pour le cœur. Et l'expérience engrangée, à être plus toujours plus efficace et sage face aux impondérables de la route.
 
Walaha
A ce titre, le cheminement du cyclocampeur n'est pas uniquement amour et volupté, il doit régulièrement faire face à certains fantômes.
Les ennemis du voyageur à vélo se montrent parfois pressants, toujours en filigrane, et il advient à l'aventurier de les tenir éloignés ou d'en faire ses compagnons.

Son premier grand ennemi, qui peut-être aussi son meilleur ami, c'est la météo

Ensuite vient la routine. Si sur des vacances d'une quinzaine de jours elle peut servir de rythme, elle devient dangereuse sur le long cours. Elle endort les sens, rend irritable et prévisible, tue l'improvisation. Cela n'exclue pas avoir quelques petits rites qui peuvent servir de repères, rassurants et réconfortants.
Pour la combattre, quels trucs : ne pas se lever et se coucher à la même heure chaque jour, varier les types de « logements » (camping, bivouac, chez l'habitant, en ville, à la campagne …), improviser des visites, ne pas avoir d'objectif kilométrique journalier régulier, rester ouvert aux propositions inopinées … 

Les pannes mécaniques. A part une crevaison et quelques petits réglages à effectuer, elles m'ont épargnées jusqu'à là. Le truc, avoir les outils adéquats et effectuer un entretien régulier. Il ne s'agit pas de devenir obsédé par le moindre bruit mécanique inhabituel, mais plutôt de ne pas laisser traîner trop longtemps un petit dysfonctionnement. Avoir du bon matériel, ça aide aussi.

Les pannes corporelles. Au même titre que les précédentes, un entretien régulier est recommandé. Étirements journaliers, sommeil réparateur, alimentation saine et équilibrée (je fais ce que je peux sur ce point) sont vivement recommandés.
Je veille particulièrement à la santé de mon pied droit, mon tendon d'Achille (littéralement). A partir du 17eme jour j'ai commencé à avoir des douleurs qui ne me quittent plus depuis mais qui ne m'empêche pas de rouler. C'est le principal. Je gère ça sereinement.
Finalement, ce soucis « technique » chronique, c'est le régulateur de mon voyage, je l'accepte comme tel.

Viennent ensuite la monotonie, l'ennui, le manque de curiosité, l'indifférence …  Pour combattre l'ennui en roulant, j'ai trouvé une parade : écouter de la musique. C'est le reboost assuré.
Je partagerai d'ailleurs avec vous une petite playlist en fin de texte.
En Bavière, j'ai été confronté à ce sentiment. Si les agglomérations avaient en général beaucoup de charme, avec des couleurs chatoyantes et des rues accueillantes, il y manquait peut-être cette diversité d'architecture et de paysages qui donnent une dimension supplémentaire au périple.

J'ai adoré Regensburg (Ratisbonne en français). Ancienne cité romaine, ses habitants la présente comme la ville la plus au Nord de l'Italie. Il y règne une ambiance détendue, une atmosphère de dolce vita, comme en témoigne cette placette dans le centre ou les gens viennent entre amis y tremper leur pied en buvant une bière bien fraîche.
C'était aussi la ville de Jorge, l'un de mes deux warmshowers bavarois. Un chic type, tout comme Felix de Ingolstadt, qui lui partait pour un voyage à vélo de 6 semaines qui le mènera jusqu'au Maroc (dans un mode un peu plus sportif, donc). Il s'est engagé pour la cause des migrants, nombreux dans sa ville, et il espère récolter des fonds. J'ai aussi rencontré Matthieu le polonais (dont j'ai francisé le prénom) qui lui a plus de 116.000 km de pédalage européen à son actif (et un vélo avec des clochettes de vaches indiennes) !
Les autres grandes villes où je me suis arrêté : Linz et Passau : cette dernière est vraiment splendide, juste à la frontière entre l'Allemagne et l'Autriche.
 
Regensburg
Il y a eu aussi cette fête traditionnelle Bavaroise à Straubing, la seconde plus importante de la Bavière. Le principe, une grosse fête foraine à la manière de la fête des Loges (pour les enfants), et de nombreux endroits pour boire de la bière (pour les adultes). Avec des concerts, de la bouffe. L'ambiance est sympa et cordiale, l'endroit estidéal pour se lier avec les locaux, détendus, dans leur fief.
Tous arborent le costume traditionnel bavarois : décolletés plongeants de rigueur pour les filles et virils pantalons à bretelles en cuir pour les garçons, avec une chemise à petits carreaux blanc sur couleur qui se rapproche beaucoup de mon propre style vestimentaire (je suis d'ailleurs presque passé inaperçu).
 
Festival de Straubing
L'Autriche, c'est autre chose niveau paysage. C'est une nature grandiose, des plages de sable fin au bord du Danube, une région viticole qui a su garder son caractère médiéval … Une bouffée d'air frais qui me redonne l'envie de lever le nez.
Je suis enfin très pressé de commencer la seconde partie de mon voyage, après Vienne, celle qui me mènera jusqu'à mon second objectif intermédiaire : Sarajevo. Jusqu'à maintenant, les pays que j'ai traversé, c'était une redécouverte, mais à partir de la Slovénie, tout sera nouveau pour moi, et l'excitation est à son comble !
 
Après Passau, en Autriche

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