Vienne et Bratislava

Vélo volé à Bratislava

Si il y avait bien un ennemi du cyclocampeur que je n'avais pas envie de mentionner, c'est bien le voleur. Et bien il est arrivé, lundi après-midi, à Bratislava, alors que j'avais naïvement mal fixé mon U au cadre de mon vélo (alors que je suis habituellement proche de la paranoïa concernant la sécurité).
Une mauvaise âme a saisi l'opportunité trop belle de repartir avec ma monture après cette erreur de concentration fatale de ma part.

Je suis encore sous le choc et j'ai encore du mal à réaliser que c'est fini pour ce vélo. Celui-là même que j'avais préparé avec minutie et passion les mois précédant le départ. Pour le moment, je dois encore encaisser le coup, mais je ne pense pas m'en arrêter là.
Il y a peut-être un espoir car la police slovaque semble très concernée par ce vol, c'est une bonne chose.
J'aimerai continuer le voyage et me racheter un vélo pourquoi pas, peut-être moins bien, et changer d'itinéraire si besoin, car clairement il me fallait ce super vélo pour attaquer la montagne des Balkans, avec mon problème au pied. 

Je suis pour le moment à Vienne, chez mes hôtes warmshower. Je dois dire que pour traverser cette épreuve, les soutiens sont essentiels et je n'en manque pas. Tout d'abord, Birgit et Bernie mes hébergeurs compréhensifs ne me mettent aucune pression et me remontent le moral.
Aussi, tout le soutien que j'ai eu à Bratislava, les employés du restaurant où le vélo a été volé.
Mais surtout de la patronne, Martina, qui n'a pas hésité à prendre un après-midi entier pour me consoler, aller faire un tour dans Bratislava avec moi à la recherche du vélo perdu, aller au poste de police pour faire la traductrice et enfin me ramener à la gare. Un nouvel ange-gardien, sans elle je serai encore à Bratislava à effectuer les démarches.
Et puis que dire, tous les encouragements que je reçois par email, facebook et sms ... Si pour le moment je suis encore abasourdi, cela m'aide à remonter la pente et clairement me redonne de la force pour surmonter ce nouvel obstacle.
Et ma famille, bien sûr. Une amie a même initié une collecte sur le web ... Je suis vraiment touché par cette démarche, de ressentir tous ces encouragements à continuer mon voyage (voici le lien vers cette collecte). 

Un gros coup dur, à surmonter, je vous tiens au courant de la suite. Voici quelques photos du voleur.

Lire la suite »


Krems on der Donau J47 km2462 Autriche

Les ennemis du cyclocampeur

Écrit à Krems on der Donau (Autriche) le 17/08/2015 - km 2462

Voilà 1 mois et demi que je suis parti, avec aujourd'hui plus de 2400 km au compteur, et à peine à plus d'une centaine de kilomètres de mon premier grand objectif intermédiaire, Vienne.
Les premières semaines de mon voyage, la Vallée de l'Eure, la Beauce, le Bec de l'Allier, les magnifiques bords de la Loire me reviennent déjà comme de lointains souvenirs heureux … Les suivants se distilleront lentement au fil des kilomètres, pour enfin faire parti de mon livre intérieur. Ils me serviront de fioul à méninges, de lubrifiant pour le cœur. Et l'expérience engrangée, à être plus toujours plus efficace et sage face aux impondérables de la route.
 
Walaha
A ce titre, le cheminement du cyclocampeur n'est pas uniquement amour et volupté, il doit régulièrement faire face à certains fantômes.
Les ennemis du voyageur à vélo se montrent parfois pressants, toujours en filigrane, et il advient à l'aventurier de les tenir éloignés ou d'en faire ses compagnons.

Son premier grand ennemi, qui peut-être aussi son meilleur ami, c'est la météo

Ensuite vient la routine. Si sur des vacances d'une quinzaine de jours elle peut servir de rythme, elle devient dangereuse sur le long cours. Elle endort les sens, rend irritable et prévisible, tue l'improvisation. Cela n'exclue pas avoir quelques petits rites qui peuvent servir de repères, rassurants et réconfortants.
Pour la combattre, quels trucs : ne pas se lever et se coucher à la même heure chaque jour, varier les types de « logements » (camping, bivouac, chez l'habitant, en ville, à la campagne …), improviser des visites, ne pas avoir d'objectif kilométrique journalier régulier, rester ouvert aux propositions inopinées … 

Les pannes mécaniques. A part une crevaison et quelques petits réglages à effectuer, elles m'ont épargnées jusqu'à là. Le truc, avoir les outils adéquats et effectuer un entretien régulier. Il ne s'agit pas de devenir obsédé par le moindre bruit mécanique inhabituel, mais plutôt de ne pas laisser traîner trop longtemps un petit dysfonctionnement. Avoir du bon matériel, ça aide aussi.

Les pannes corporelles. Au même titre que les précédentes, un entretien régulier est recommandé. Étirements journaliers, sommeil réparateur, alimentation saine et équilibrée (je fais ce que je peux sur ce point) sont vivement recommandés.
Je veille particulièrement à la santé de mon pied droit, mon tendon d'Achille (littéralement). A partir du 17eme jour j'ai commencé à avoir des douleurs qui ne me quittent plus depuis mais qui ne m'empêche pas de rouler. C'est le principal. Je gère ça sereinement.
Finalement, ce soucis « technique » chronique, c'est le régulateur de mon voyage, je l'accepte comme tel.

Viennent ensuite la monotonie, l'ennui, le manque de curiosité, l'indifférence …  Pour combattre l'ennui en roulant, j'ai trouvé une parade : écouter de la musique. C'est le reboost assuré.
Je partagerai d'ailleurs avec vous une petite playlist en fin de texte.
En Bavière, j'ai été confronté à ce sentiment. Si les agglomérations avaient en général beaucoup de charme, avec des couleurs chatoyantes et des rues accueillantes, il y manquait peut-être cette diversité d'architecture et de paysages qui donnent une dimension supplémentaire au périple.

J'ai adoré Regensburg (Ratisbonne en français). Ancienne cité romaine, ses habitants la présente comme la ville la plus au Nord de l'Italie. Il y règne une ambiance détendue, une atmosphère de dolce vita, comme en témoigne cette placette dans le centre ou les gens viennent entre amis y tremper leur pied en buvant une bière bien fraîche.
C'était aussi la ville de Jorge, l'un de mes deux warmshowers bavarois. Un chic type, tout comme Felix de Ingolstadt, qui lui partait pour un voyage à vélo de 6 semaines qui le mènera jusqu'au Maroc (dans un mode un peu plus sportif, donc). Il s'est engagé pour la cause des migrants, nombreux dans sa ville, et il espère récolter des fonds. J'ai aussi rencontré Matthieu le polonais (dont j'ai francisé le prénom) qui lui a plus de 116.000 km de pédalage européen à son actif (et un vélo avec des clochettes de vaches indiennes) !
Les autres grandes villes où je me suis arrêté : Linz et Passau : cette dernière est vraiment splendide, juste à la frontière entre l'Allemagne et l'Autriche.
 
Regensburg
Il y a eu aussi cette fête traditionnelle Bavaroise à Straubing, la seconde plus importante de la Bavière. Le principe, une grosse fête foraine à la manière de la fête des Loges (pour les enfants), et de nombreux endroits pour boire de la bière (pour les adultes). Avec des concerts, de la bouffe. L'ambiance est sympa et cordiale, l'endroit estidéal pour se lier avec les locaux, détendus, dans leur fief.
Tous arborent le costume traditionnel bavarois : décolletés plongeants de rigueur pour les filles et virils pantalons à bretelles en cuir pour les garçons, avec une chemise à petits carreaux blanc sur couleur qui se rapproche beaucoup de mon propre style vestimentaire (je suis d'ailleurs presque passé inaperçu).
 
Festival de Straubing
L'Autriche, c'est autre chose niveau paysage. C'est une nature grandiose, des plages de sable fin au bord du Danube, une région viticole qui a su garder son caractère médiéval … Une bouffée d'air frais qui me redonne l'envie de lever le nez.
Je suis enfin très pressé de commencer la seconde partie de mon voyage, après Vienne, celle qui me mènera jusqu'à mon second objectif intermédiaire : Sarajevo. Jusqu'à maintenant, les pays que j'ai traversé, c'était une redécouverte, mais à partir de la Slovénie, tout sera nouveau pour moi, et l'excitation est à son comble !
 
Après Passau, en Autriche

Lire la suite »


Neuburg on der Donau J36 km1784 Allemagne

La bonté en voyage

Ecrit le 05-08-15 à Neuburg on der Donau, km 1784

Emprunter un chemin coupant un champ de maïs, humer l'odeur du blé fraîchement coupé, le vent dans le dos, se faisant chatouiller le nez par les premiers rayons du soleil … Cela ressemblerait à ça, le sentiment de plénitude ? A l'inverse pour moi, lors de ces petits moments de grâce, j'ai plutôt la sensation d'avoir l'esprit que se vide, petit à petit, pour me concentrer finalement sur ces agréables stimuli de la nature.
Alors c'est peut-être ça, le secret, il faudrait accepter et expérimenter la vacuité complète avant de pouvoir se remplir à nouveau … 
 

Après le lac de Constance j'ai découvert une des plus jolies régions qui soit, située entre là où termine la forêt noire et là où le Danube prend sa source (autour de Tuttlingen).
Une jolie nature, préservée, peu visitée, car c'est aussi très vallonnée, c'est en effet la partie la plus haute la route vélo 6, qui va de Nantes à la Mer Noire (point culminant à 862m). 
 

862 m !

La traversée a été aussi pour moi l'occasion d'une belle aventure. Je cherchais un bivouac au plein milieu de la foret, dans une partie habitée qui me semblait être un restaurant ou hôtel, cherchant à obtenir l'aval du responsable des lieux pour y planter ma tente sans problème.
Finalement, je tombe sur Stephan, le chef cuisto et boss du resto, qui me déniche un super spot et m'invite à l'apéro et au petit-dej (royaux). Il me présente aussi à une famille de français cyclo-campeurs (2 parents 2 fils 1 fille) faisant la route jusqu'à Bethléem : je voyagerai avec eux les 3 jours suivants. Stephan, notre ange gardien du jour, a été de cette bonté que l'on espère rencontrer en voyage.
 

Stephan

Voyager en famille, donc. C'est de l'organisation, du rangement, des horaires, mais aussi et surtout  de la bonne humeur ! J'ai apprécié partager leur quotidien, leurs habitudes, leur manière de voyager sur ces quelques jours. On s'est mutuellement encouragé dans les montées, attendu après les grosses descentes …
C'est sûr, c'est complètement différent que le voyage en solo. Les enfants étaient adorables, de ceux qui préfèrent le bivouac à la dur plutôt que le camping surpeuplé d'enfants de leur âge. 
 

La famille Berchon
S'en est suivi une période plus sèche au niveau des rencontres, une fois rentré en Bavière. C'est en partie du à mon choix de faire du camping en milieu sauvage. Aussi du à cette barrière de la langue. Elle me ferme de nombreuses portes. Et puis aussi, je ne m'y attendais pas, à l’accueil un peu froid d'une partie des bavarois.
Cependant, il ne faut pas que j'oublie : c'est toujours à moi de faire le premier pas. Ce n'est pas parce que il m'est arrivé un tas de trucs sympas jusqu'à présent qu'il faut que j'arrête de faire des efforts. La teneur de la suite de mon voyage ne sera que le résultat de mon implication quotidienne dans les relations humaines.
J'apprécie toutefois cette période plus solitaire, c'est finalement plus conforme à l'idée initiale que je me faisais de mon périple.

Lire la suite »


Retour en haut
Retour en haut