Écrit à Krems on der Donau (Autriche) le 17/08/2015 - km 2462
Voilà 1 mois et demi que je suis parti, avec aujourd'hui plus de 2400 km au compteur, et à peine à plus d'une centaine de kilomètres de mon premier grand objectif intermédiaire, Vienne.
Les premières semaines de mon voyage, la Vallée de l'Eure, la Beauce, le Bec de l'Allier, les magnifiques bords de la Loire me reviennent déjà comme de lointains souvenirs heureux … Les suivants se distilleront lentement au fil des kilomètres, pour enfin faire parti de mon livre intérieur. Ils me serviront de fioul à méninges, de lubrifiant pour le cœur. Et l'expérience engrangée, à être plus toujours plus efficace et sage face aux impondérables de la route.
A ce titre, le cheminement du cyclocampeur n'est pas uniquement amour et volupté, il doit régulièrement faire face à certains fantômes.
Les
ennemis du voyageur à vélo se montrent parfois pressants, toujours en filigrane, et il advient à l'aventurier de les tenir éloignés ou d'en faire ses compagnons.
Son premier grand ennemi, qui peut-être aussi son meilleur ami, c'est la
météo.
Ensuite vient la
routine. Si sur des vacances d'une quinzaine de jours elle peut servir de rythme, elle devient dangereuse sur le long cours. Elle endort les sens, rend irritable et prévisible, tue l'improvisation. Cela n'exclue pas avoir quelques petits rites qui peuvent servir de repères, rassurants et réconfortants.
Pour la combattre, quels trucs : ne pas se lever et se coucher à la même heure chaque jour, varier les types de « logements » (camping, bivouac, chez l'habitant, en ville, à la campagne …), improviser des visites, ne pas avoir d'objectif kilométrique journalier régulier, rester ouvert aux propositions inopinées …
Les
pannes mécaniques. A part une crevaison et quelques petits réglages à effectuer, elles m'ont épargnées jusqu'à là. Le truc, avoir les outils adéquats et effectuer un entretien régulier. Il ne s'agit pas de devenir obsédé par le moindre bruit mécanique inhabituel, mais plutôt de ne pas laisser traîner trop longtemps un petit dysfonctionnement. Avoir du bon matériel, ça aide aussi.
Les
pannes corporelles. Au même titre que les précédentes, un entretien régulier est recommandé. Étirements journaliers, sommeil réparateur, alimentation saine et équilibrée (je fais ce que je peux sur ce point) sont vivement recommandés.
Je veille particulièrement à la santé de mon pied droit, mon tendon d'Achille (littéralement). A partir du 17eme jour j'ai commencé à avoir des douleurs qui ne me quittent plus depuis mais qui ne m'empêche pas de rouler. C'est le principal. Je gère ça sereinement.
Finalement, ce soucis « technique » chronique, c'est le régulateur de mon voyage, je l'accepte comme tel.
Viennent ensuite la
monotonie,
l'ennui, le manque de curiosité, l'indifférence … Pour combattre l'ennui en roulant, j'ai trouvé une parade : écouter de la musique. C'est le reboost assuré.
Je partagerai d'ailleurs avec vous une petite playlist en fin de texte.
En Bavière, j'ai été confronté à ce sentiment. Si les agglomérations avaient en général beaucoup de charme, avec des couleurs chatoyantes et des rues accueillantes, il y manquait peut-être cette diversité d'architecture et de paysages qui donnent une dimension supplémentaire au périple.
J'ai adoré
Regensburg (Ratisbonne en français). Ancienne cité romaine, ses habitants la présente comme la ville la plus au Nord de l'Italie. Il y règne une ambiance détendue, une atmosphère de dolce vita, comme en témoigne cette placette dans le centre ou les gens viennent entre amis y tremper leur pied en buvant une bière bien fraîche.
C'était aussi la ville de
Jorge, l'un de mes deux warmshowers bavarois. Un chic type, tout comme
Felix de Ingolstadt, qui lui partait pour un voyage à vélo de 6 semaines qui le mènera jusqu'au Maroc (dans un mode un peu plus sportif, donc). Il s'est engagé pour la cause des migrants, nombreux dans sa ville, et il espère récolter des fonds. J'ai aussi rencontré
Matthieu le polonais (dont j'ai francisé le prénom) qui lui a plus de 116.000 km de pédalage européen à son actif (et un vélo avec des clochettes de vaches indiennes) !
Les autres grandes villes où je me suis arrêté :
Linz et
Passau : cette dernière est vraiment splendide, juste à la frontière entre l'Allemagne et l'Autriche.
Il y a eu aussi cette fête traditionnelle Bavaroise à
Straubing, la seconde plus importante de la Bavière. Le principe, une grosse fête foraine à la manière de la fête des Loges (pour les enfants), et de nombreux endroits pour boire de la bière (pour les adultes). Avec des concerts, de la bouffe. L'ambiance est sympa et cordiale, l'endroit estidéal pour se lier avec les locaux, détendus, dans leur fief.
Tous arborent le costume traditionnel bavarois : décolletés plongeants de rigueur pour les filles et virils pantalons à bretelles en cuir pour les garçons, avec une chemise à petits carreaux blanc sur couleur qui se rapproche beaucoup de mon propre style vestimentaire (je suis d'ailleurs presque passé inaperçu).
L'Autriche, c'est autre chose niveau paysage. C'est une nature grandiose, des plages de sable fin au bord du Danube, une région viticole qui a su garder son caractère médiéval … Une bouffée d'air frais qui me redonne l'envie de lever le nez.
Je suis enfin très pressé de commencer la seconde partie de mon voyage, après Vienne, celle qui me mènera jusqu'à mon second objectif intermédiaire : Sarajevo. Jusqu'à maintenant, les pays que j'ai traversé, c'était une redécouverte, mais à partir de la Slovénie, tout sera nouveau pour moi, et l'excitation est à son comble !
Léna Tisseau
a commenté l'article
Série "Happy Expats...
"Que deviens-tu ? Pas beaucoup de voyages je suppose comme nous tous. Apart une courte esca..."
Nicole Leroux
a commenté l'article
Le paradis du cyclocampeu...
"Cela fait plaisir de te relire, tu as su partager cette belle expérience, même si tout n..."
Sylvain
a commenté l'article
Série "Happy Expats...
"Merci pour cet escapade dans l'univers de Jo. Cela donne envie d'aller au Vietman, un jour..."