Meigu J191 Chine
La Chine en proverbes (chinois)
Pour cette première partie de voyage en Chine, j'ai passé plus de temps à port qu'en croisière. Il me tardait donc de reprendre ma barque à deux roues pour ne plus la quitter et me laisser dériver « gentiment » vers Bangkok. On dit de la Chine qu'elle est le pays du proverbe (chinois). Déclinons donc cet article en quelques dictons.
« La Chine, ce sont les routes du paradis avec des chauffeurs venus de l'enfer »
Quelles belles routes, quelles belles voies cyclables ! Vraiment, en Chine, on roule sur un billard (enfin pas tout le temps, j'y reviendrai). Le hic, c'est que c'est un peu l'anarchie sur le macadam. Les voies cyclables sont utilisées à contre-sens ou comme place de parking. Au quotidien, ce sont des refus de priorité, du non-respect de la signalisation, de belles queues de poisson, des dépassements sans aucune visibilté, des inopinés coups de klaxons … Faut s'accrocher !
« Le pays du vélo alerte »
Mais la bonne surprise vient de la situation de la petite reine dans la circulation. C'est un moyen de transport très utilisé, et donc le cycliste a tout à fait sa place même dans un trafic dense. La conduite est tout de même bien sportive. La particularité, ce sont les innombrables véhicules électriques : bicyclettes, trottinettes, scooter, tuk-tuk, tout le bestiaire du deux roues y est ici représenté. Pour un confort auditif accru et une pollution bien moindre (bien des villes européennes devraient s'en inspirer).
« La Chine, le pays du matin bruyant »
Il y a ici un sport national dans lequel les chinois peuvent rivaliser à l'aise avec les indiens, c'est le développé de klaxon. Pour la beauté du jeu, pour la beauté du geste, la main est lourde, artistique et systématique sur le buzzer avertisseur. Les cinglants coups de trompe des camions me glacent particulièrement le sang. A chacun d'entre eux c'est une petite plume de mon moral qui s'envole tristement vers l'horizon.
« Le pays du soleil qui ne se lève pas »
Arrivé en Chine, je me suis bien cru revenu en Normandie pour un aspect. L'absence de soleil. Et même de ciel. Entre la pollution et le temps pourri, j'ai passé parfois une dizaine de jours sans voir l'ombre d'un rayon de lumière. Par contre, quand il est de sortie, il fait pas semblant : c'est l'effet grille-pain assuré.
« Possible n'est pas chinois »
S'il n'est pas possible de voir le soleil, il n'est pas non plus possible de récupérer mon vélo le jour d'arrivée, pas possible de mettre le compteur dans un taxi, pas possible de trouver un bivouac tranquille, pas possible d'aller sur facebook et google, pas possible d'emprunter une portion de route (interdite aux étrangers, ce qui me vaudra de rajouter 2 cols à 3000 mètres à franchir...), pas possible de faire toute une petite foule de choses qui bout à bout donne envie de baisser les bras. Bon, je dramatise un peu, et suis pleinement conscient que la plupart de ces impasses naissent de la barrière de la langue (ah ba oui car c'est pas possible de parler anglais non plus). La solution est bien souvent à porter de main et un peu de patience et quelques sourires suffisent parfois à se sortir de bien des quiprocos. Lost in translation, version chinoise.
« Le pays des libertés qui commencent là où finissent celles des autres »
Dans un pays réputé pour ses privations de libertés, chacun semble vouloir s'octroyer la sienne sans vraiment se soucier de celles des autres. Les endroits non fumeurs sont donc enfumés, les espaces d'eau interdit à la nage avec de nombreux baigneurs, sans m'étaler sur l'effet que cette mentalité individualiste peut avoir sur le partage d'une chambre en auberge ou le trafic routier. Une petite différence éducationnelle à laquelle il faut savoir s'adapter :)
« Le pays des papilles en émoi »
D'ailleurs, je leur pardonne tout, ce sont tellement d'excellents cuisiniers ! Chacun de leurs mets me procure le réconfort nécessaire pour me remettre de l'un de ces petits chocs culturels. C'est parfois un peu épicé, mais vraiment savoureux (l'un des premiers mots que j'ai d'ailleurs appris à dire c'est « pula », que l'on peut traduire "sans piment"). J'ai également l'impression qu'une vie entière ne suffirait pas à découvrir toute la diversité de la cuisine chinoise.
« Le pays du sourire, de la générosité et de l'hospitalité »
Comme je le mentionnais, il est ici très difficile de trouver un bivouac. Même à la campagne, chaque parcelle de terrain est utilisée ou occupée. Je n'ai donc pas d'autre choix que de demander la permission à l'habitant pour planter ma tente. Le plus souvent, je n'aurai même pas à la déplier, je dormirai dans un lit bien chaud avec le ventre bien rempli (un des autres mots que j'ai appris assez rapidement, c'est « shebba », pour dire - je t' ... - ça va j'ai assez mangé ). C'est en plus une formidable occasion de partager le mode de vie local, et représente un réel et appréciable point positif de ce périple en Chine jusqu'à présent. J'aime aussi leur bonne humeur et leur propension à rigoler de tout, cela permet de tout relativiser.
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J'ai tout d'abord passé une semaine à Pékin, où j'ai découvert une capitale vivante et culturelle. J'aurai eu un peu le temps de faire mon touriste « lonely planet » entre les démêlés administratifs pour récupérer mon vélo du train de Oulan-Bator et l'infructueuse pêche à l'information pour remettre mon vélo dans le train pour Chengdu. J'ai tout de même pu aller voir les must-see comme la cité interdite, la place Tien'Anmen, la muraille de Chine, le site olympique et le Lama Temple. Mais ce que j'ai préféré, c'est de déambuler dans les petites ruelles des hutongs dans le vieux Pékin.
A Chendgu, j'ai rejoint les cyclocampeurs « rolling potatoes » (que j'avais rencontré à Séoul) et été hébergé par des supers warmshowers, les « frogs on wheels ». J'y aurai vu les fameux pandas. Ce qui devait être une courte pause de quelques jours s'est transformée en séjour d'une semaine, car le disque dur de mon ordinateur a rendu l'âme et j'ai passé 4 jours (et nuits) à tout remettre en ordre. Finalement, Chengdu, c'était le meilleur endroit pour régler ce genre de tuile matérielle. J'ai pu y retrouver un modèle de disque dur difficile à dénicher et Nico l'un de mes hôtes m'a patiemment aidé à régler mes multiples et irritants problèmes d'installation. Mais c'était aussi surtout l'occasion de passer de chouettes moments en excellente compagnie.
Je suis depuis 1 semaine de retour sur la route, en solo, je prends la direction des montagnes du Sichuan et du Yunnan. J'ai visité le site d'un bouddha géant à Leshan, et franchi un 2925 mètres (le mont Meigu) dans la boue et la douleur. C'était la dizaine de kilomètres la plus délicate de mon voyage, une ascension dans un enfer d'humidité. La descente n'a pas été avare en bourbiers non plus. Des cols à 3000, j'en aurai encore beaucoup d'autres sur ma route, mais j'espère que les prochains ne se feront pas dans la gadoue. J'ai du tomber sur une des rares chaussées en cours de construction en Chine, et d'ailleurs, à l'heure actuelle, je suis en train de faire une petite journée de pause (*), recueilli justement et gentiment par les constructeurs de cette maudite route - qui devrait être terminée dans une petite année (!). L'absence d'asphalte m'a fait plonger dans la profonde ruralité chinoise, celle des minorités. C'est d'un contraste saisissant avec la modernité et l’opulence que l'on peut trouver dans les villes … Tout cela me procure cependant de merveilleuses aventures, bien loin de la zone de confort à laquelle je m'étais de nouveau habitué ce dernier mois.
(*) Je suis en fait à Xichang, mais il y a toujours un laps de temps entre le moment où j'écris l'article et réussis à trouver du wifi pour mettre à jour le blog.
commentaires
"Je lis que malgré les difficultés de la langue, de la campagne et du manque de soleil (attention les Normands ne vont pas être contents de lire qu'il n'y a pas de soleil en Normandie!! (Lol) ) ton moral est toujours au beau fixe c'est génial de te lire Seb.. Bon courage pour tes montées et descentes en montagne. Bisous Monique
"
"Merci pour ce beau reportage que me réconcilierai presque avec les chinois!!"
"quelle belle tourmente...j'adore ton humour et ta vision du voyage sans parler des photos!
merci...
denyse"
"Aperçu de la Chine très intéressant! Tu es loin de ta zone de confort mais tu en garderas des souvenirs très forts ! Bon courage pour les montées de cols."
"@Monique : Merci Monique ! Une bise aussi pour toi et toute la famille !
@Lena : J'espère bien ! Un nouveau voyage en perpective pour toi sinon ?
@Denyse : Merci pour ce gentil commentaire :) La tourmente ne se finit pas ...
@Berchon : Merci pour les encouragements, j'en aurai bien besoin !"
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