Matsumoto J44 Japon

L'adaptation du cyclocampeur

Ecrit le 26-04-16 à Matsumoto - km 1665

Ma découverte du Japon procède par vagues ...Si la première a été celle de l'émerveillement (vague qui n'est pas encore retombée), la seconde serait celle de l'adaptation. Par exemple, il m'est assez compliqué de trouver ce que je recherche en général. Des choses simples (en théorie) ! Tout d'abord parce que les produits ne sont pas tout à fait les mêmes, ensuite parce que c'est impossible pour moi de déchiffrer les kanjis et enfin, par le déficit de communication. A l'instar de mes compatriotes, les japonais semblent délaisser la langue de l'empire, de manière assez répandue. Je ne vais pas les blâmer, bien au contraire, mais cette langue d'habitude si pratique pour la communication qu'est l'anglais ne trouve ici que guère quelques pratiquants rôdés et réguliers. Alors je cherche, je fouille les magasins, et le plus souvent je sors bredouille ... 

 

S'il n'y a une chose que je ne découvre plus, c'est bien la gentillesse des locaux. Ils ont toujours un petit mot sympa pour moi (enfin c'est que je suppose), des encouragements (Gambate !) ou des expressions d'admiration (de l'effort physique je présume, on demande souvent à voir mes cuisses). Parfois, je me fais ravitailler tel un coureur du Tour de France. La caravane locale m'a déjà provisionné en biscuits, café, caramels et même serviette de toilettes. Je dois avoir des airs de Laurent Jalabert. 

 

J'apprécie aussi tout le réconfort et l'hygiène que me procurent les « onsens ». On y vient pour profiter des sources thermales, d'une bonne douche revigorante et d'un endroit pour se reposer. Un véritable oasis pour le cyclocampeur. Si je ne trouve aucun camping sur ma route (encore un autre mystère), je peux au moins sauvegarder une certaine fraîcheur et propreté. 

 

Une des motivations pour laquelle j'avais attaqué la montagne, c'était aussi pour continuer à voir éclore les fameux et splendides « sakuras » (cerisiers du Japon). L'altitude décale leur période de floraison. Alors qu'à Tokyo on voyait déjà tomber les derniers pétales, à Nikko, 800 m d'altitude, ils venaient tout juste d'ouvrir leur premiers bourgeons. Un vrai enchantement. Mais à partir de 1300-1500 m, les paysages semblent ne pas être encore sortis de la torpeur de l'hiver. Au point que  je me suis retrouvé confronté à une route coupée. Un barrage saisonnier. Et oui, au Japon à ce moment de l'année, la plupart des chaussées de haute-montagne (les cols à plus de 2000 m) sont encore recouverts de neige ! Et il faudra attendre le déblaiement de ceux-ci pour pouvoir à nouveau les emprunter. Je suis arrivé trop tôt dans les Alpes japonaises, à contre-coeur j'ai du faire demi-tour et reconsidérer mon itinéraire … Quand je mentionnais la difficulté d'obtenir une information ;)

 

Ce rebrousse-chemin m'a tout de même permis de comtempler des paysages magnifiques, et ce site inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, le temple shintoiste de Toshogu, à Nikko. Et puis j'ai fait étape dans un village-onsen, Kutsasu, et pu profiter d'une source d'eau chaude acide en plein air. J'ai traversé un haut-plateau, et visité le temple Zenko-ji à Nagano, où j'ai pu assister à une célébration religieuse. Enfin, je fais étape dans cette ville lovée entre deux massifs montagneux, Matsumoto, célèbre pour son château. C'est aussi mon premier hôte couchsurfing depuis Tokyo. Cette partie du périple se révèle donc très physique (je ne compte plus les dénivelés journaliers encaissés par mes pauvres cuisses endolories), mais pas avare en découvertes !

 

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Tokyo J30 Japon

A la découverte du Japon

Ecrit le 12-04-16 à Tokyo (Japon) – km 1000

L'adage dit que pour voyager, il faut garder son âme d'enfant, pour rester ouvert et émerveillé face aux découvertes faites en chemin. En arrivant au Japon, c'est le contraire qui se produit, c'est le voyage qui me procure cette rafraîchissante cure de jouvence ! Je me replonge dans les séries animés de mon enfance, celle du Club Dorothée, et constate à quel point cette émission a œuvré pour rapprocher les français de ma génération et la culture japonaise. Je retrouve des éléments d'Olive et Tom par ici, d'autres de "Juliette je t'aime" par là ... De tous ces mangas animés qui traitaient de la vie quotidienne des nippons.

 

Et puis, toutes ces nouveautés ! Je suis le plus souvent étonné et fasciné par mes incessantes trouvailles. Par exemple, pour traiter les soucis de la vie quotidienne, ce pays a parfois opté pour des solutions bien différentes des nôtres. En général, c'est très fonctionnel et bien pensé, et fait appel à la technologie dernier cri. Les choses simples comme aller au restaurant ou faire la cuisine, aller aux toilettes ou prendre sa douche sont le plus souvent sujet à quelques interrogations assez cocasses. Cela relève même du rite initiatique !

 

La nourriture de l'archipel me dévoile aussi tous ses mystères dans la joie des papilles gustatives. Je ne vais pas le cacher, j'aadoore les sushis ;) Et puis tout le reste aussi : ramen, sashimis, rouleaux de printemps, tempura, soba, korokke, gyoza, et autres brochettes ... Tout est délicieux ! C'est un régal quotidien, et il me reste encore pas mal à découvrir. De plus, c'est assez facile de choisir son plat, car généralement les appellations nominatives de chacun des plats sont accompagnées des photos correspondantes dans les menus.

 

Cette iconographie se voit aussi transposée dans la rue. Je pensais avoir du mal à m'en sortir avec les kanjis (signes de l'alphabet japonais), mais la plupart des signalisations sont accompagnées d'idéogrammes assez didactiques. On verra si ce sera toujours le cas en dehors de Tokyo, mais pour le moment, j'apprécie ce sens de l'organisation pointu.

 

Leur sens du détail, aussi. Comme donner délicatement et avec considération (c'est à dire en le tenant avec les deux mains) un simple ticket de caisse, les petites musiques qui accompagnent la fermeture des parc et des magasins, et les jingles amusants des distributeurs automatiques. Je suis enthousiasmé par toutes ces petites choses qui rendent l'ordinaire plus agréable et harmonieux. 

 

Si Tokyo est une ville tentaculaire, il est par contre très aisé de s'y déplacer à vélo. Tout y est pensé pour faciliter la vie du cycliste. Les transports en commun, si je n'ai pas eu encore à les utiliser, semblent fonctionner à merveille. Du coup, on n'a pas cette impression de compression propre au chaos du trafic routier de certaines autres grandes métropoles, comme j'ai pu le ressentir par exemple à Athènes ou Istanbul. De nuit comme de jour, c'est un plaisir de parcourir à pédales la capitale nippone, à condition d'avoir en sa possession une bonne carte et un bon sens de l'orientation (ou un GPS bien à jour) !

 

Bien sûr, il y a quelques bizarreries et illogisme. Comme l'absence de poubelles publiques et l'impossibilité de parquer son vélo aisément (avec menace réelle de fourrière … tellement incompréhensible que personne ne respecte cette interdiction). Il y a aussi ces pachenkos, sorte de casino manga ultra bondés, où les addicts au «gambling» dépensent leur argent dans une atmosphère enfumée et un vacarme assourdissant. Je pourrais mentionner aussi ces micro-bars qui peuvent contenir jusqu'à 4-5 personnes maximum. Dans ces derniers, on a l'impression que le barman nous fait rentrer dans son intimité, et que les clients sont en fait les potes de toujours. 

 

Vraiment, le Japon n'a pas fini de me surprendre, et m'offre de bien belles promesses de voyage. Je fais aussi d'agréables rencontres. Chacune d'entre elle me donne l'occasion de constater la gentillesse et l'hospitalité des autochtones, qui mettent un point d'honneur à m'expliquer aimablement les particularités de leur culture. Je remercie particulièrement Kana de m'avoir si gentiment aider et guider à travers la ville, et ses adorables parents de m'avoir accueilli à bras ouvert (dans leur maison à l'architecture typiquement locale) ! Ma première impression générale des japonais est celle d'une population respectueuse de l'espace vital de chacun, et qui pour autant ne se laisse pas tomber dans une indifférence blasée. 

 

Je suis arrivé dans la soirée du 6 juin à l'aéroport de Naruta, à 70 km de Tokyo. J'ai ensuite remonté mon vélo sur place et passé la première nuit dans la nature, complètement « jetlagué ». J'ai ensuite été accueilli par 3 hôtes warmshower différents, pour 5 nuits au total (Merci Yoshi, Stéphane et Makiko, Akira). J'ai encore eu un sacré coup de chance, car je suis arrivé pile poil pour la semaine de floraison des sakuras (cerisier à fleurs), période pendant laquelle les habitants de l'archipel fêtent l'arrivée du printemps. C'est magnifique et je ne pouvais rêver mieux ! Après escale chez les parents de Kana, donc, me voilà reparti en direction des Alpes japonaises. Au programme, températures fraîches et plusieurs cols pouvant aller jusqu'à 2250 m. C'est un défi physique que je m'impose là, surtout chargé comme je suis, mais je voudrais connaître le Japon de l'intérieur, après avoir connu les extravagances de Tokyo. 

 

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Istanbul J22 Turquie

Sur les rives du Bosphore

Ecrit à Istanbul le 6 avril 2016 - km 815

Il y a des villes qui font rêver, d'autres qui ne laissent pas indifférents. Istanbul fait pour moi partie de ces deux catégories à la fois. Non seulement mon imaginaire de la ville a été comblé, mais j'ai aussi découvert une ville agréable, atypique, où il fait bon vivre. Les locaux m'ont tous assuré qu'après les explosions la ville est beaucoup moins fréquentée, que les gens sortent moins. J'y ai toutefois constaté une stimulante activité, qui peut rivaliser avec les animées Barcelone et Amsterdam. Elle fait partie de ces endroits où je me verrais bien séjourner pour un peu plus qu'une simple visite … J'ai aimé la présence de l'eau du Bosphore, les multiples petits quartiers à forte personnalité et l'animation des rues. J'ai beaucoup moins aimé le trafic routier chaotique et l'incivilité des chauffeurs, la faible offre de transport en commun et de voies cyclables, ce qui fait d'Istanbul l'une des pire villes à vivre à vélo. 

 

Istanbul, de part sa position, est une ville carrefour. On y ressent la rencontre des cultures européennes et orientales. Mais bizarrement, elle n'est pas vraiment cosmopolite, en tous cas pas encore (il y aura bien un moment où Ryanair y ouvrira une ligne régulière). J'ai essayé de découvrir pourquoi en parlant ici et là, en recueillant quelques infos et il s'avère qu'elle le fut dans le passé, bien avant qu'on y chasse (ou assassine) les nombreux grecs et arméniens. A Istanbul, on y vient donc de toute la Turquie, c'est une vibrante et puissante métropole, mais qui n'a pour le moment pas encore effectué complètement sa mue en « ville-monde ».

 

C'est ici aussi pour moi la transition vers une autre aventure, encore plus exotique et lointaine, car je continuerai la route depuis Tokyo, au Japon. J'ai donc eu ces derniers jours de nombreuses préoccupations d'organisation. C'est à ce moment que je me suis rendu compte que ma bonne étoile de voyageur me suivait toujours, car j'ai été fort bien entouré et aidé par mes hôtes warmshower, qui m'ont grandement facilité la vie et les démarches. Je tiens donc à remercier Sinan, mais aussi et surtout Burak et son adorable famille pour ce soutien réconfortant et logistique. 

 

Au final, je quitte Istanbul avec des envies d'y revenir, et de traverser le pays qui va avec. La Turquie m'a laissé entrevoir une hospitalité sans faille de ses habitants, des paysages intéressants, une cuisine riche et bon marché, des locaux curieux et accueillants … Pour tout cela, j'y remettrai les roues un jour. 

 

***

J'effectue actuellement mes premiers moulinets au Japon, et le dépaysement est total !  C'est aussi un total plaisir de s'y déplacer à vélo, même dans cette immense cité qu'est Tokyo. Je m'y sens presque en sécurité. Je prends continuellement en plein visage une foule de petites nouveautés que j'assimile au fur à mesure. C'est un pays plein de promesses, et je suis enchanté à l'idée d'y rouler quelques semaines ... 

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