Istanbul J22 Turquie

Sur les rives du Bosphore

Ecrit à Istanbul le 6 avril 2016 - km 815

Il y a des villes qui font rêver, d'autres qui ne laissent pas indifférents. Istanbul fait pour moi partie de ces deux catégories à la fois. Non seulement mon imaginaire de la ville a été comblé, mais j'ai aussi découvert une ville agréable, atypique, où il fait bon vivre. Les locaux m'ont tous assuré qu'après les explosions la ville est beaucoup moins fréquentée, que les gens sortent moins. J'y ai toutefois constaté une stimulante activité, qui peut rivaliser avec les animées Barcelone et Amsterdam. Elle fait partie de ces endroits où je me verrais bien séjourner pour un peu plus qu'une simple visite … J'ai aimé la présence de l'eau du Bosphore, les multiples petits quartiers à forte personnalité et l'animation des rues. J'ai beaucoup moins aimé le trafic routier chaotique et l'incivilité des chauffeurs, la faible offre de transport en commun et de voies cyclables, ce qui fait d'Istanbul l'une des pire villes à vivre à vélo. 

 

Istanbul, de part sa position, est une ville carrefour. On y ressent la rencontre des cultures européennes et orientales. Mais bizarrement, elle n'est pas vraiment cosmopolite, en tous cas pas encore (il y aura bien un moment où Ryanair y ouvrira une ligne régulière). J'ai essayé de découvrir pourquoi en parlant ici et là, en recueillant quelques infos et il s'avère qu'elle le fut dans le passé, bien avant qu'on y chasse (ou assassine) les nombreux grecs et arméniens. A Istanbul, on y vient donc de toute la Turquie, c'est une vibrante et puissante métropole, mais qui n'a pour le moment pas encore effectué complètement sa mue en « ville-monde ».

 

C'est ici aussi pour moi la transition vers une autre aventure, encore plus exotique et lointaine, car je continuerai la route depuis Tokyo, au Japon. J'ai donc eu ces derniers jours de nombreuses préoccupations d'organisation. C'est à ce moment que je me suis rendu compte que ma bonne étoile de voyageur me suivait toujours, car j'ai été fort bien entouré et aidé par mes hôtes warmshower, qui m'ont grandement facilité la vie et les démarches. Je tiens donc à remercier Sinan, mais aussi et surtout Burak et son adorable famille pour ce soutien réconfortant et logistique. 

 

Au final, je quitte Istanbul avec des envies d'y revenir, et de traverser le pays qui va avec. La Turquie m'a laissé entrevoir une hospitalité sans faille de ses habitants, des paysages intéressants, une cuisine riche et bon marché, des locaux curieux et accueillants … Pour tout cela, j'y remettrai les roues un jour. 

 

***

J'effectue actuellement mes premiers moulinets au Japon, et le dépaysement est total !  C'est aussi un total plaisir de s'y déplacer à vélo, même dans cette immense cité qu'est Tokyo. Je m'y sens presque en sécurité. Je prends continuellement en plein visage une foule de petites nouveautés que j'assimile au fur à mesure. C'est un pays plein de promesses, et je suis enchanté à l'idée d'y rouler quelques semaines ... 

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Otmanli J10 Turquie

Un nouveau départ à Thessalonique

Ecrit à Otmanli le 23-03-16, km 555, jour 10

J'ai eu pendant cette pause toutes les raisons d'être heureux. J'ai revu ma famille et constaté que tout roulait pour eux, même sans vélo. J'ai revu mes amis, et me suis rendu compte à quel point j'étais chanceux de les avoir, eux et ma famille. J'ai continué à faire de belles rencontres, même hors contexte du voyage. Je suis revenu dans le bain de mon environnement proche avec l'aura et l'audace du voyageur, ouvert et positif, apaisé et constructif. Que ces moments sont passés rapidement, à tel point qu'en un coup de pédale me voilà de nouveau à enfourcher mon fidèle destrier.

 

Aussi enthousiasmant et excitant que peuvent se révéler les projets et le futur, pour le moment, mon avenir immédiat, c'est le voyage. Et c'est avant tout une remise à niveau vers le présent : c'est ici et maintenant que je dois vivre les moments, les apprécier et leur donner de la valeur. Me remettre sur la route est avant tout un retour dans l'immédiat.

C'est aussi une piqûre de rappel d'optimisme. Malgré les petites galères inhérentes à l'itinérance et à la bicyclette, chaque jour me rappelle à quel point il est important de les relativiser pour rester ouvert aux bons moments, qui eux sont au moins tout aussi nombreux (si ce n'est plus) que ces petits problèmes du quotidien.

Puisque j'en suis à parler de petites galères, mon vélo semble avoir toujours autant de succès avec les chiens, qui semblent s'être reproduits comme les pains de Jésus. Plusieurs fois par jour, je dois m'arrêter pour faire face à la colère territoriale de ses canidés enragés, devant moi aussi montrer les crocs pour prétendre à continuer mon chemin. Un véritable fléau. Et je ne blâme pas forcément ces pauvres bêtes, mais plutôt la négligence complaisante de leurs maîtres.

 

Et parmi les bons moments, je pourrais évoquer la générosité quotidienne des grecs et des turques, leur côté amical et protecteur. Les chouettes bivouacs que je déniche aussi chaque jour, ces coins semblaient parfois m'attendre depuis toujours. Les cadeaux inattendus, les découvertes culinaires fortuites, se sentir de mieux en mieux physiquement ... Mis bout à bout, ils me procurent une saine sensation de bien-être et de vie. Voyager à vélo, c'est vraiment le pied !

 

Cette première portion de périple, c'est avant tout un parcours en solitaire. Je trace, je mange, je campe, je profite des moments d'accalmie. Comme si j'avais ce besoin de me remettre dans l'esprit du voyageur rêveur, de me concentrer de nouveau pleinement sur la route. Et puis surtout, je crois bien que j'ai très envie de commencer au plus tôt l'aventure asiatique. Depuis la Turquie, c'est un peu différent, je fais plus de recontres, quelques pauses tchai ... J'ai aussi ralenti le rythme juste avant d'arriver à Tekirdag.

 

Je suis arrivé à Athènes par avion, et après quelques jours de préparation et de maintenance de mon vélo (je tiens à remercier particulièrement mon ami Spiros pour m'avoir tant aidé dans cette étape, et Véronique encore une fois pour m'avoir procuré ce point de chute si important) j'ai pris le train pour Thessalonique, où j'ai retrouvé le temps d'un dîner la famille avec qui j'avais voyagé quelques jours en Allemagne. Un très bon moment, qui m'a remis dans le bain de la baroude. Je leur souhaite d'ailleurs un super beau voyage, ils ont dorénavant troqué leur vélo contre des chariots de marche et ont l'ambition de remonter jusqu'à Venise à pattes. 

 

Et puis de Thessalonique, c'est un nouveau départ à deux roues sur la route d'Istanbul. Puisque c'est d'actualité, oui, j'ai vu des réfugiés, notamment non loin de Kavala, sur la côte. Encore une autre occasion de souligner l'hospitalité et la générosité des locaux qui en Europe se retrouve bien seul pour faire face à cet afflux migrateur massif. 

Que l'aventure commence !

 

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