Vivien, conquis par New Delhi

Série "Happy Expats", portrait n°1

Comme je le mentionnais dans ma présentation, ce voyage a un petit objectif secret, celui de trouver l'endroit idéal, pour y poser mes guêtres. J'imagine que ce sera une question de feeling, de rencontres, d'alchimie. J'ai imaginé un autre stratagème pour compléter mon expérience sur le terrain : compiler celle des autres. Et plus particulièrement celle d'expatriés heureux qui ont choisi de rester dans cet éden qui est le leur. 

Mon premier portrait de cette série baptisée « Happy Expats » est celui de Vivien, mon ami breton qui a jeté son dévolu sur Delhi. A travers trois questions, j'ai essayé de comprendre les raisons de son choix.

Présentation : Vivien, 34 ans d'origine bretonne, a grandi à la campagne, puis fait le tour de France pour ses études (Rennes, Marseille, Toulouse et Paris) et pour les fêtes (Lille, Grenoble, Biarritz, Bordeaux, Lyon, Aix en Provence, Charleville-Mézières !, etc.)

Vivien , comment es-tu arrivé a Delhi ?

J’étais en période d'attente de prise de fonction pour un emploi à la Sécurité Sociale à Paris début 2006; j'en profite pour laisser mon CV sur civiweb.com (plateforme pour les contrats de volontariats internationaux) avec l'Inde parmi les destinations possibles sélectionnées. Puis en mai 2006, j'ai été contacté par l'Ambassade de France en Inde pour un poste d'attaché financier ; en juin 2006, j'ai été recruté après un entretien de 5 minutes avec un Breton ; en juillet 2006, j'avais mon visa + billet AirIndia pour New Delhi :). Je suis arrivé pour un contrat de 2 ans auquel je comptais faire honneur. Je suis rentré en France en juin 2008 pour des raisons personnelles ; et j'ai trouvé un emploi en Bretagne quelques mois plus tard.

Début 2010, mon employeur m'a proposé de travailler à distance depuis New Delhi, chose que j'ai immédiatement acceptée ; donc je suis de retour en Inde depuis 4 années ;)

Qu'est-ce qui t'a décidé à rester ?

Déjà j'ai un travail ici, ce qui ne serait pas garanti en France en ce moment. Les conditions de travail sont favorables du point de la confiance accordée, de l'autonomie, et du rythme de travail. De plus, mon bureau est à proximité immédiate de mon domicile (moins de 5 minutes à pied), ce qui me laisse du temps libre après les heures de travail et le week-end. J'ai développé localement un réseau de contacts, composé à parts égales d'Indiens et de Français. Une large panoplie de loisirs sont disponibles à New Delhi : cinéma, concerts, expositions, conférences, sortie à moto, pique-niques, etc... gratuitement ou pour un prix faible. De plus, la gamme des restaurants est très large, avec une nourriture indienne variée que j’apprécie beaucoup.

Qu'est-ce qui fait selon toi de Delhi l'endroit idéal ?

New Delhi est la seconde plus grande agglomération au monde (après Tokyo), et surtout la première anglophone. J'aime observer l’intensité et l’énergie de la ville, en plus de sa transformation avec un développement urbain frénétique et une culture urbaine émergente. L'abondance de population, ainsi que sa simplicité et son ouverture, sont réconfortantes pour comprendre l'histoire complexe de la société. Climatologiquement, bien que les conditions peuvent être extrêmes (0-5 °C l'hiver ; 45-48 °C l’été), je me suis bien acclimaté au temps chaud et sec ; la période de mousson est plus délicate, mais reste supportable en termes d’intensité et de durée.

Volet suivant : Stéphane, Tokyo http://www.sebaroudeur.com/blog/2016/12/serie-happy-expats-portrait-n2

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Orchha

A la campagne

Cette fois-ci, c'est reparti ! J'ai pu reprendre la route après 6 jours de repos forcé à Agra, et j'avoue que ce n'est pas pour me déplaire. Objectif Varanasi, Orchha étant l'étape suivante de cette vallée du Gange. Par rapport au Rajasthan, c'est beaucoup plus vert, plus humide (avec l’apparition de mes chers amis moustiques), l'architecture change aussi nettement ! Un vrai dépaysement.
 
Orchha est un petit bled de campagne (10.000 habitants tout de même) où il fait bon vivre, c'est une halte assez reposante. Les gens sont très avenants, sollicitent moins, mis à part les incontournables Sadhus qui ont élu domicile aux abords du temple Ram Raja. Ceci dit, ces saints hommes hindous ne vivent que de l'aumône, et les locaux sont largement mis à contribution. Holi y est encore célébré une semaine après la date officielle et il y a deux fois par jour des offices religieux, c'est un véritable spectacle.
 

Je contourne les caprices de mon tendon d'Achille en louant autant que possible des deux-roues, motorisés ou non. C'est un formidable moyen de sortir du bourg principal et des sentiers battus, tout en me ménageant. J'ai pu ainsi faire mes visites des incontournables temples et fort, mais aussi découvrir des petits villages perdus dans la cambrousse. En découle un sentiment de liberté gratifiant et libérateur, je sens que je rentre enfin dans mon voyage ! 
 

Ces 6 jours à Orchha m'ont fait beaucoup de bien, je peux dire que c'est pour le moment mon coup de cœur en Inde. Pour les gens, pour l'accès facile au monde campagnard, pour sa rivière à l'eau cristalline, pour les rencontres que j'y ai fait, pour l'énergie positive que cela m'a procuré. C'est sûr, un jour, j'y remettrai les pieds ...
 

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Agra

Le Taj Mahal

Le Taj Mahal (ou le Taj comme les voyageurs l'appellent ici) est une chimère touristique. Au même titre que le Machu Picchu, la Tour Eiffel, Angkor Vat, etc etc … Parfois on est déçu lorsqu'on fait face à la réalité (je me rappelle de ma désillusion en découvrant Big Ben), ou bien alors, on est émerveillé. Le "Taj" fait partie de cette deuxième catégorie de monument, aussi beau en rêve que dans notre monde cruel. C'est blanc, c'est immense, c'est imposant, c'est rutilant, majestueux, précieux, les qualificatifs manquent. Et pour ne rien gâcher, le lieu est remarquablement bien entretenu, ce qui tranche singulièrement avec les autres sites archéologiques que j'ai pu visiter jusqu'à maintenant en Inde. 
 

Pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire du « Taj », l'édifice a été érigé en l'honneur de l'amour inconditionnel d'un roi envers sa défunte épouse. Pour démontrer la puissance de ses nobles sentiments. Il est vrai que c'est beaucoup plus classe qu'une épitaphe sur une plaque funéraire, même élégamment tournée, même sur un beau marbre. La légende dit que le roi fit tuer la fiancée de l'architecte en charge du projet, pour qu'il puisse se prendre d'empathie avec son immense douleur.
 

J'ai classé les photos dans l'ordre de prise de vue, pour mieux rendre compte du changement de couleur au fil du lever du soleil. Cela commence par des teintes rosées, puis cela tire sur l'orange, pour enfin éclater de blanc.
 

C'est le seul monument que j'ai visité à Agra. Mon articulation ne m'a pas permis d'en faire un autre. Mais j'ai bien choisi, je crois. C'était aussi Holi, hier. Fête nationale indienne, qui marque la fin de l'hiver et le début de l'été. Effectivement, les températures grimpent d'un coup. Ça se passe sur deux jours. Première étape, on met le feu à des bûchers à base de bouses de vaches disposés dans des coins stratégiques de la ville. Cela nous gratifie d'un bon smog bien gras. Le lendemain dans la rue, on se peinturlure de poudre aux couleurs vives, on se lance des bombes à eaux, se bat à coup de pistolet à peinture, se jette des pigments tenaces sur les vêtements … Bref, c'est la fête ! Et vive l'été (ou pas).

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Back to Delhi ...

... et bloqué à Agra

Je subis depuis quelques jours un petit coup d'arrêt forcé, repos obligatoire pour ma cheville qui s'est retrouvée gonflée à Agra, après avoir passé 2 jours à Delhi de nouveau. J'imagine que cela a à voir avec l'augmentation de mon rythme de croisière. Je me sentais bien (malgré une petite douleur persistante) et je pensais que je pouvais accélérer un peu le rythme. Réponse immédiate de ma carcasse : ce n'est pas encore le moment.
 
Pahar Ganj
Lajpat Nagar
Je tue donc le temps sur la terrasse de mon hôtel, avec tout de même une petite vue sur le Taj Mahal. Y'a pire ! La bouffe non plus n'est pas trop mal, je commence à connaître presque tous les curry du menu. D'habitude, on commence les voyages tambours battants pour ensuite lever le pied, et bien de mon côté c'est le contraire qui se produit : je commence par me reposer, et ensuite une fois bien remis j'aurai fait le plein d'énergie pour tailler franchement la route ! En tous cas, c'est ce que j'espère.

Je vous mets quelques photos et vidéos. La première, c'est dans le train qui va de Jaisalmer à Delhi (19 heures tout de même). C'est la sleeper class, pas la classe la plus populaire mais celle juste au dessus. Chaque passager a sa banquette réservée (en gros). Normalement. C'est assez respecté, jusqu'au moment où on approche de Delhi et là cela devient du grand n'importe quoi, chaque centimètre carré est exploité … Dans la vidéo c'est assez tranquille en comparaison. Et puis la seconde, c'est un petit aperçu de la circulation dans la capitale indienne, où le piéton a bien du mal à se faire respecter.

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Jaisalmer

Aux portes du désert du Thar

La dernière de mes villes monochromes, et la plus belle, la plus singulière du Rajasthan. C'est un endroit très différent de tout le reste de la région, et c'est ce qui a du aussi me séduire dans Jaisalmer, cette nouveauté. On se croirait presque dans une bourgade d’Afrique sub-saharienne. La « golden city » (ou ville ocre en français) est située aux portes du désert du Thar, la région aride la plus peuplée au monde (on est pas en Inde pour rien). Après, c'est le Pakistan, le voisin mal-aimé dont on devine la proximité avec la présence renforcée des militaires. Tous les bâtiments sont construits avec de la pierre du désert, c'est ce qui lui donne cette couleur chaude et uniforme, c'est presque comme si la ville entière était camouflée dans le désert. De nombreux murs sont minutieusement sculptés, l'architecture est très fine, elle puise son inspiration dans les anciennes havelis, les fastueuses maisons des anciens VIP locaux. 
 



C'est aussi une ville très touristique, on y est très - extrêmement - sollicité, et j'ai ressenti le besoin express d'aller faire un tour en moto dans le désert pour m'isoler un peu. Une très belle expérience, j'ai visité un village fantôme, Kuldhara, un vieux fort au milieu de nulle part, et j'ai tracé ma route pendant de longues heures, pour mon plus grand plaisir. En point d'orgue, j'ai fait la rencontre de Krishna, un brahmane isolé sur sa colline haut-perchée : ce fut un très bon moment, de ceux qui sont inattendus mais que l'on espère vivre dans un voyage . 
 
Krishna

Cette escapade a bien failli tomber à l'eau (ou dans le sable) : au bout d'une heure, à environ 25 km de Jaisalmer, le câble d'embrayage a lâché et je me suis retrouvé comme un idiot au beau milieu de la steppe avec la moto en rideau. Mais comme en Inde, on est jamais vraiment seul, au bout d'une minute j'avais déjà autour de moi une ribambelle de gamins me demandant des chocolats et des roupies (!) et une âme charitable qui a bien voulu m'aider à revenir en ville. J'ai du ensuite batailler ferme contre le loueur pour me faire prêter la bécane la journée suivante sans frais supplémentaire.
 
Désert duThar

Mon trip dans le Rajasthan est dorénavant fini, je suis de retour sur Delhi pour ensuite me diriger vers la vallée du Gange. L'expérience de cette région de l'Inde a été riche, j'ai beaucoup aimé Alwar pour son immersion dans la vie indienne et la beauté d'Udaipur et de Jaisalmer. J'espère trouver des endroits moins touristiques, mais ce ne sera pas encore pour le mois suivant. J'espère enfin rentrer complètement dans mon voyage, pour le moment perturbé par ses problèmes récurrents à la cheville. Une chose est sûre : j'ai tout le temps devant moi, et le périple est déjà bien lancé !
 

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Jodhpur

La ville (presque) bleue

Je continue ma lancée sur les villes colorées en enchaînant avec Jodhpur, la bleue. En réalité, je n'ai pas vu beaucoup de bleu, mais il me fallait marcher bien au delà de ce que me permet mon état de cheville en ce moment pour visiter la partie azur. Peu importe, j'ai tout de même apprécié chaque jour passé en profitant de la superbe vue de ma guesthouse, et puis fait quelques rencontres sympas avec les voyageurs de passage. 
 

C'est vrai, j'aurai aimé passé plus de temps dans cette ville qui m'a révélé que bien peu de ces attraits. Cependant ce bref aperçu de la ville m'a conquis, et j'aimerai y revenir un jour. Pour voir le bleu, le fort et me fondre de nouveau dans les rues de son hétéroclite bazar.

 

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Udaipur

Milles et une nuits

Udaipur la blanche. Éclatante de beauté, comme dans un conte des milles et une nuit. Et relativement tranquille, pour une ville de cette taille. Cela a sûrement à voir avec la configuration du lieu : le centre est confiné autour d'un lac, mettant en valeur ses trésors architecturaux. La plupart des hôtels proposent aussi une superbe vue sur cette étendue aquatique, qui prend toute sa splendeur la nuit lorsque le City Palace est éclairé. Cependant, Udaipur est encore loin d'être une ville musée : l'activité autour des ghats est continuelle. On s'y baigne, lave son linge sale, on boit même son eau. A côté de ça on y jette des immondices et on y vide tranquillement sa vessie. C'est un peu le résumé du contraste indien.
 
Les monuments au Rajhastan sont des lieux tout à fait magiques, pour peu qu'ils soient un minimum entretenus. A Alwar j'avais entrevu les prémices de ce qui allait être à chaque ville-étape un passage obligé et une visite toujours agréable : les forts et les « city palace », demeures des maharajas. Jusqu'à maintenant j'ai été surtout marqué par le fort d'Amber pour son côté grandiose et par le fort de Bundi pour son côté « Indiana Jones ». Il y aura dorénavant le City Palace d'Udaipur, pour son faste. Le maharaja y habite encore dans un partie privée, comme à Jaipur. Si on leur a retiré leurs fonctions dans la vie politique indienne, ces nobles n'en ont pas moins perdu leur extravagant patrimoine et les privilèges inhérents.
 
Udaipur, c'est aussi la ville des artistes. Plus particulièrement des peintres. J'avais jusqu'à aujourd'hui toujours refusé les invitations (trop) pressantes des étudiants en art dans leur atelier pour éviter d'interminables négociations stériles. Et puis dans une partie à l'écart du centre, là où je m'y attendais le moins, j'ai accepté l'invitation d'un véritable maître de l'esquisse, invitation que je ne regrette à aucun moment avoir acceptée, car j'ai pu découvrir le travail d'un véritable orfèvre, maîtrisant à la perfection la gestion du micro-détail. J'ai promis de lui faire un peu de pub, alors voici son adresse, si vous avez l'occaz de passer là-bas, vous serez conquis par son travail :
 
Jagdish Yagav – 224, Amba Mata, Yadav Colony – jagdishyadav.udr@gmail.com
 

 
C'était aussi période de festivité en ce milieu de semaine, on célébrait l'anniversaire du mariage de Shiva. L'occasion pour les jeunes (parfois shootés au bhang lassi, un cocktail à base de lait et marijuana) de se défouler sur de la musique techno et pour les autres d'aller se recueillir dans l'un des nombreux temples de la ville, éclairés en cette nuit particulière par des diodes et néons multicolores.
 

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