Le temps s'est arrêté pour moi à Rishikesh, Laxman Jhula. Je ne sais pas comment je me suis retrouvé bloqué ici, mais il y a quelque chose de particulier dans cet endroit qui retient les gens de passage. Quand je suis arrivé ici il y a presque un mois, je ne comprenais pas pourquoi une majorité de voyageurs y restaient collés pendant des semaines (voire des mois). J'y voyais surtout un endroit parfait pour y reposer ma cheville. En fait, ça arrive assez souvent ici, de voir des transiteurs pressés finalement poser leurs valises à long terme dans une des nombreuses guesthouses ou hôtels du coin.
Je vois plusieurs raisons. Ici, il est proposé de nombreux cours qui en général durent plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Il y a du Yoga (qui a été inventé ici même), du Reiki (thérapie des énergies), des cours de massages ayurvédique, de musique, ect … Et pour ceux qui ne veulent rien faire, la bouffe est acceptable et la promiscuité de l'endroit permet à toute la colonie d'occidentaux de forger des relations d'amitié assez facilement, de se créer un petit cocon rassurant, protégeant de la réalité habituelle de la rue indienne. On s'y sent bien, on s'y repose. Et puis il y a le Gange, imposant sa force tranquille. On peut même s'y baigner ! Quand le temps s'y prête, je ne me soustrais jamais à mes deux trempettes quotidiennes. J'ai juste à descendre quelques marches depuis mon hôtel. En fait, Rishikesh, c'est un peu comme le club Med. Un îlot occidental en terre indienne.
Les températures ne sont plus si clémentes, la chaleur accable les voyageurs qui s'en vont vers d'autres cieux. Les grands attroupements musicaux hippies d'il y a deux semaines ne sont plus qu'un lointain souvenir et les ghâts sont maintenant presque déserts du matin au soir. C'est l'appel du nord, et pour la grande majorité des membres de la « tribu Laxman Jhula », Daremsala est la prochaine étape visée. Il existe une route typique que beaucoup de voyageurs au long cours en Inde empruntent sans grande variation. Ils passent l'hiver à Goa, et puis quand le mercure y monte la migration se fait progressivement vers le nord, dans des villes comme Pushkar ou Varanasi, pour ensuite passer par Rishikesh et enfin Daremsala. C'est un cycle aussi régulier que celui des saisons. Comme s'ils essayaient de conserver ce cocon dont je parlais précédemment, pour recréer loin de leur terre natale des relations comparables à celle d'une famille.
Côté visite, j'ai pu découvrir le ashram où les Beatles avaient effectué leur retraite spirituelle en 1968. C'est maintenant une place abandonnée à la végétation depuis les années 90, le guru Maharishi ayant eu maille à partir avec le gouvernement de l'époque. Un lieu de pèlerinage pour les fans mais aussi une visite intéressante, le site est assez grand et c'est presque avec le sentiment de fouler une terre défendue qu'on parcourt les différents bâtiments de cet ancien espace de méditation médiatique.
Le Sri Neelkantha Mahadeva Temple, dédié au culte de Shiva, est situé dans un petit village perdu au beau milieu des montagnes. J'y ai rencontré un baba russe, qui a tout abandonné de son ancienne existence pour une vie simple et rudimentaire, sur la route, comptant sur la générosité des personnes qu'il croise. Assez singulier, il avait vraiment ce regard indéfinissable qu'ont les babas indiens, mais se faisait trahir par sa peau blanche et ses yeux bleus. Et par un fort accent slave ...
Il m'est aussi arrivé une sacré expérience. J'ai accompagné pendant quelques jours une amie dans un hôpital à la suite d'une méchante crise d'épilepsie. Elle est restée inconsciente une bonne demi-journée, et j'ai essayé de veiller sur elle tout en réglant quelques détails de paperasserie : je me suis souvent heurté de fait au mur de l'administration indienne, un mélange d'incompétence et d'inefficacité, un capharnaüm sans queue ni tête. On est aussi bien loin des standards d'hygiène européens, même si l'on m'a assuré que cet établissement était plutôt un bon élève en la matière. Par contre, j'ai apprécié la sympathie et le sérieux du personnel médical. Un modèle d'humanité et de compréhension. Encore une fois en Inde, le pire et le meilleur se côtoient quotidiennement.
A l'heure actuelle, je suis encore à Rishikesh. Je ne sais pas encore pour combien de temps. Une fois en bonne santé j'aimerai m'en échapper. Pour le moment, je savoure le farniente, fais de belles rencontres et réfléchis à différentes options géographiques possibles pour la suite de mon voyage. Affaire à suivre ...
commentaires
"Salut Seb,
On s'est croisé à Rishikesh ce weekend, pas facile de retrouver ton blog mais j'ai réussi !
Beaux articles, j'ai hâte de connaître la suite de ton périble...!"
"hey Stan, passe le bonjour à Vivien de ma part. Au plaisir de te rencontrer de nouveau !"
commenter la Baroude