Nam Can J313 Vietnam

Franchir des caps

Ecrit à Nam Can (Vietnam) le lundi 23 janvier 2017 – km 9370 (au total 15370 depuis le départ de France). Édité et mis à jour à Luan Prabang (Laos) le 07 février 2017.

Me voilà arrivé à Luan Prabang. Quelle aventure mes amis ! Avant de tout vous raconter sur mes premiers coups de pédales au Laos, je voudrais revenir sur la dernière partie de mon périple vietnamien ...


Il y a des fois où rien ne se passe comme prévu. Ce qui est somme toute assez prévisible en voyage. Tout comme mon départ d'Hanoi, qui n'a pas été celui que j'espérais. La motivation est retombée comme un soufflé après quelques décourageantes péripéties et un retour impromptu dans cette ville qui décidément me colle à la peau. 

 

Tout d'abord pour régler un problème mécanique (comme si je n'avais pas eu assez de temps pour m'en occuper auparavant). À ce problème technique s'est ajouté un problème météorologique, avec un temps exécrable sur tout le nord du Vietnam, ainsi qu'un problème grippal qui m'a cloué au lit pendant 2 jours. Les cerises sur le gâteau, ce furent ces deux petites chutes sans conséquence physique mais qui ont quelque peu égratiné mon moral ... Ce qui n'était pas prévu non plus, mais qui a été en revanche très positif, ce fut d'effectuer les premières journées de ce faux-départ en compagnie de Nico et Gokben.

 

Cela fait maintenant un bail que je suis parti de France. Il y a bien eu des moments pendant ma longue baroude où je me suis posé des questions sur les motivations et le sens de mon voyage. Généralement à des périodes charnières : au bout de 3 mois, 6 mois, 1 an … Je passe maintenant le cap des 1 an et demi, et celui-ci a été de loin le plus délicat à franchir. D’abord, reprendre l'aventure après avoir goûté (trop peu) aux joies oubliées de la vie sédentaire n'est jamais chose aisée. J'avais aussi emmené sur la route tous les doutes réveillés pendant mon séjour à Hanoï. En cela, ce faux-départ a été la métaphore parfaite de cette mini-crise passagère, comme si je devais remettre de nouveau tout à plat, pour repenser ma manière de voyager devenue peut-être trop rigoureuse et accepter de nouveau le « lâcher-prise ». 

 

Cette suite d'événements malvenus a donc finalement été une bénédiction. Tout mon itinéraire, toutes mes certitudes, tout cela s'est envolé au fur et à mesure de toutes ces petites mésaventures, et j'ai du tout recomposer dans une excitante improvisation. C'est celle-ci, en amie bien intentionnée, qui m'a donné ces nouvelles joies de cyclo-campeur et des sensations de baroudeur heureux retrouvées. Je suis de nouveau sur ma lancée, bien décidé à croquer le Laos et la Thaïlande dans la joie et la bonne humeur. 

 

C'est la route qui s'est chargée de me remettre la patate. Avec son lot de beaux paysages, de rencontres fortuites et de moments humains. Après mon second retour d'Hanoi, depuis Ninh Binh, j'ai repris le Ho Chi Minh trail, pour ensuite bifurquer vers la frontière vietnamienne en empruntant une voie loin du trafic tumultueux habituellement rencontré au Vietnam (la QL48c). J'y ai traversé des petits villages pittoresques, me faisant saluer plusieurs centaines de fois par jour et me faisant inviter généreusement par les locaux … Et même par des policiers (par deux fois) ! Ceux-ci se donnant pour mission du jour de me charger consciencieusement la bourriche à coup de schnaps vietnamien. Le nouvel an chinois (ou« têt ») n'est pas encore célébré officiellement que les préparations battent déjà leur plein ... Cela promet pour les festivités. Fort heureusement pour mon foie, je serai déjà loin quand tout ceci aura commencé.

 

Le Vietnam, c'est aussi « the Big Sound ». La musique à fond claque dans les espaces publics et les décibels retentissent dans les innombrables karaokés (parfois même au petit matin). Les radios de rue crachées sur haut-parleur et la folie klaxonnière viennent compléter ce beau capharnaüm dans la joie et la saturation des oreilles. La nuit venue, quand le chaos sonore touche enfin à sa fin, c'est le moment qu'a choisi le coq pour entrer en scène ...

 

Je croyais bien naïvement que son chant accompagnait le lever du soleil … En pratique, il commence bien plus tôt son sournois petit jeu musical, vers les 3 heures pétantes. Pour souvent ne plus s'arrêter de la matinée. A vrai dire, je ne comprends vraiment pas comment mon beau pays la France a pu prendre ce gallinacé idiot comme emblème. A moins que la perfide volaille ne soit d'humeur vengeresse : sachant pertinemment qu'il va finir tôt ou tard à la casserole, l'infernal poulet se serait décidé à irriter ses bourreaux en guise d'épilogue. Au final, peut-être pas si inadéquat que ça, ce choix de blason national ;)

 

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