Khatgal J135 Mongolie

La reprise du cyclocampeur

Ecrit le 2 aout 2016 à Khatgal (Mongolie) km 4800

Après un long mois sans pédaler, la reprise s'annonçait poussive … Après ces 15 jours à Séoul/Chuncheon puis ces 15 jours à Oulan Bator, où j'ai passé le plus clair de mon temps à organiser, réparer, prévoir, me renseigner, échafauder des plans, j'étais un peu sorti de mon voyage.

A Oulan Bator, j'avais aussi créé un cercle amical, dans l'intimiste Gana's GuestHouse, une auberge ayant pour particularité de proposer des yourtes en dortoirs plantées directement sur le toit d'un bâtiment. Un lieu de passage et de préparation pour de nombreux voyageurs en quête d'aventure. Je m'y suis laissé bercé par la facilité de la vie et la chaleur des relations. Le défi de reprendre la route était donc aussi de m'extirper de ce petit cocon rassurant, pour me frotter de nouveau au piquant de l'aventure.

 

Après 1 semaine de nouveau sur le chemin, je suis toujours à la recherche de ma condition physique et de mon rythme de croisière. Il faut dire, les conditions de pédalage sont assez difficiles et parsemées de quelques embûches. Tout d'abord, j'ai contracté l'inévitable tourista et ses sympathiques convulsions intestinales. Aussi, la météo est capricieuse et imprévisible : pluie soudaine, vent, grêle, orages, soleil de plomb. Je dois lutter en permanence contre les éléments. Les longues distances sont aussi un facteur épuisant pour le moral : c'est souvent 50-70 km minimum entre deux petits hameaux, avec une étrange sensation de vide entre les deux. La terre y est le plus souvent pelée de ses arbres, et pour trouver de l'ombre, c'est parfois compliqué. Enfin, la présence inopportune d'insectes divers et variés, dont mes amis les moustiques, et celle tout aussi indésirable d'humains sur-alcoolisés et irrespectueux. Bref, en Mongolie, il y a toujours un élément contre lequel je dois combattre, les répits sont rares.

 

Mais ce pays apporte aussi bien sûr son lot de joyeuseté. Le sourire des locaux en est la première. C'est toujours mon carburant pour avancer et éviter les pannes de moral. Je me fais régulièrement encourager par nomades et touristes locaux, et lorsque je m'arrête, j'ai souvent le loisir de papoter - dans la limite de mes capacités linguistiques et de celles de mes interlocuteurs. Les Mongols sont assez curieux, pour mon plus grand plaisir. Par ailleurs, la notion d'espace privé devient un concept quelque peu abstrait.

 

L'autre motivation, c'est la beauté des paysages. Et notamment de ce ciel hors du commun. J'ai tout le temps de l'observer se mouvoir lentement, de le décrypter pour prévoir la météo, de l'admirer dans sa tenue étoilée la nuit venue, d'admirer ses nombreuses nuances de couleurs, ses infinies formes de nuages. Il devient le moteur de mes humeurs, le mojo de mes photos. Il est à la fois mon meilleur allié et mon pire ennemi … Il s'impose de lui-même et c'est tout naturellement qu'il s'approprie une conséquente partie de l'espace de mes pensées et de mes clichés. 

 

Finalement, je réapprends tout doucement à me laisser porter par les événements. Comme cette fois où j'ai accepté de me faire transporter en camionnette pour finalement le soir venu planter ma tente à côté de la yourte de mes convoyeurs. J'ai pu ainsi rentrer dans l'intimité d'une famille de ses éleveurs nomades et comprendre un peu mieux leur (dur) mode de vie. 

 

Depuis Oulan Bator, j'ai pris le 26 juillet un train couchette jusqu'à Erdenet. Et puis j'ai roulé sur une belle route asphaltée (incluant un lift en camion sur plus d'une cent-cinquantaine de kilomètres) en passant par Bulgan, Hutag  Ondor, Moron et enfin Khatgal, où je prends actuellement une pause au bord du lac, un endroit paisible où j'espère enfin récupérer de mes problèmes intestinaux. Cette reprise a été rude, mais stimulante. Je me prépare à aller plus au sud, en passant par la piste. Je n'exclue pas de me faire de nouveau trimballer en camion si l'occasion se présente : les distances sont tellement énormes, je n'aurai de toutes façons pas la possibilité d'effectuer la totalité du trajet prévu par la seule traction de mes cuisses. 

 

Album

Oulan BatorBoucherie mobileLa rue menant à la guesthouseMa yourte urbaineGengis, rescapé de la rue, adopté par un couple de voyageursTrain de nuit Oulan Bator - ErdenetErdenetCamping avec chevauxUn bon bol de lait de jument fermentéArène de lutte de MoronJavi, compagnon de route pendant 3 nuitsOrage en approcheBivouac sur le lac Khovsgol

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Où sont les arbres ?

commentaires

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"....ouf...de beaux gros défis pour toi....en même temps des endroits et rencontres énergisantes....

bonne route...

Denyse"

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Françoise
10 Aug 2016

"Oui, bien que tu aies déjà traversé bon nombre de pays, à la modeste échelle de la France, je ne peux qu'imaginer combien l'horizon doit te sembler loin chaque matin...
J'espère que tu t'es remis!
Bises et Bonne route!
"

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Jean Paul
16 Aug 2016

"Claire m'a fait connaître tes coordonnées. Photos magnifiques. Admiration sans bornes pour ce que tu réalises. Meilleurs voeux de réussite pour ce que tu entreprends et une masse d'ondes positives pour toi. Jean Paul de Toulon France. Je suivrai avec bcp d'admiration ton trajet!!!"

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Reboussinaline
2 Oct 2016

"coucou SEB nous avons une pensée pour toi toujours aussi magnifiques tes photos bisous"

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Sebaroudeur
4 Oct 2016

"@Lady : merci pour ce gentil message
@ Françoise : je me remets gentiment, le dos c'est vraiment le soucis en ce moment. Et oui, en Mongolie, l'horizon est bien dégagé ;)
@ Jean Paul : Merci Jean Paul pour tes encouragements, cela me fait très plaisir de te compter parmi les lecteurs du blog
@ Aline : gros bisous de même, j'espère que cela a été un joyeux mariage !"

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