Dubrovnik J129 Croatie

Le rythme du cyclocampeur

Écrit à Dubrovnik le 06/11/2015 – km 1768 nouveau compteur (+ 2700 km ancien compteur)

Lorsque j'avais imaginé mon voyage automnal, je m'étais figuré les caprices de la météo et les fluctuations de fréquentation touristique. Cependant, j'avais oublié une notion essentielle : la durée d'ensoleillement. Car c'est elle qui conditionne le rythme de la journée du cyclocampeur. Souhaitant rouler au clair, lorsque le crépuscule pointe le bout de son nez à 17h00, il est préférable de commencer à chercher le bivouac à partir de 16h00. Il n'est même pas rare que je me retrouve dans les bras de Morphée bien avant le début du journal de 20h, alors plongé dans la nuit froide et humide. Le changement à l'heure d'hiver n'arrange rien et me décale d'autant plus du monde civilisé. Avec comme conséquence fâcheuse de raccourcir considérablement le temps de pédalage journalier, et donc le nombre de kilomètres potentiellement accomplis en un tour de soleil. 

 

De jour, le contraste est saisissant. Le soleil s'installe, cognant comme un aoûtien et assurant au voyageur d'air libre une salvatrice assistance morale. Et bien, je dois avouer, cela fait plaisir ces vacances à l'intérieur des vacances. Ne pas avoir à lutter contre la pluie ou le vent apporte réjouissance et matière à enthousiasme. Sourire que semble aussi avoir retrouvé les locaux. Il n'est désormais pas rare de se faire encourager par un coup de klaxon amical (ou pas) ou de répondre à l'aimable salutation d'un badaud. Finalement le soleil est le meilleur remède contre la morosité. 

 

Après Skradin, j'ai ralenti le rythme pour la première fois depuis Vienne. Tout d'abord, un hôte Warmshower (que je n'ai même pas le loisir de rencontrer) a eu la bonté de me laisser un minimaliste appartement pendant 6 jours, à Kastela, tout proche de Split. C'est un petit village de pêcheurs où le tourisme ne semble pas encore avoir eu prise, avec son esprit de quartier et son historique patrimoine architecturale. J'ai adoré me laisser happer par le faux-rythme de la vie locale, sans penser à avancer, à contempler le soleil se coucher où observer les vagues se briser. Et puis j'ai fait ma première rencontre croate, Malo, qui m'a montré quelques coins sympas de Split et quelques tips pour essayer de mieux comprendre les autochtones. 

 

Un autre changement majeur dans mon voyage, je voyage désormais en groupe. Je ne l'ai pas cherché, mais l'opportunité s'est présentée avec des cyclocampeurs que j'ai apprécié dès le premier jour. Et qui aussi, point essentiel, ont un rythme analogue au mien : une cinquante-soixantaine de kilomètres par jour (ou moins). Voyager en solitaire comporte ses avantages, importants à mes yeux, qui m'ont d'ailleurs poussé à penser mon voyage comme un « one-man trip». Mais le groupe me révèle une autre facette de l'aventure, socialement enrichissante car la rencontre se déroule plus sur le long terme que celle d'un local que l'on devra laisser un moment ou un autre sur le bord de la route. Côté matériel, il y a un autre avantage non négligeable : on partage les frais de bouche et de logement, et l'on gagne ainsi en confort tout en faisant des économies. J'imagine que d'une manière ou d'une autre le voyage me préparait à cette éventualité, et que j'étais enfin mûr pour accepter de partager la route. 

 

Nous somme donc 7. Groupe qui a été composé en 2 étapes. J'ai d'abord rejoint le noyau initial composé de Mona (Suisse), Max (France) et Calvin (Nouvelle-Zélande). Et quelques jours plus tard, c'était Tim (Suisse), Antoine (France) et Lydia (Hollande) qui venaient grossir les rangs. Tous partis de France (à l'exception de Lydia), nous traçons dorénavant la route en convoi, et dieu seul sait lorsque nos chemins se sépareront. Une seule certitude comme objectif commun : rejoindre la Grèce dans l'espoir d'un hiver meilleur. 

 

Parcourir la côte croate se présente comme un émerveillement quotidien. Malgré les routes parfois inhospitalières à la pratique du vélo, nos yeux s'écarquillent sur ces beautés de la nature et ces petits bijoux architecturaux. Après Split, nous avons pris le ferry direction l'île de Korcula et son relief accidenté. Au menu routes de bord de falaise somptueuses, passages au beau milieu de vignobles généreux et ma première baignade dans la mer adriatique, par une douce matinée de début de mois de novembre. Je n'ai pas pu résister au plaisir de nager dans cet eau presque chaude, le soleil levant venant me chatouiller gentiment la peau. Enfin, cerise sur le gâteau, Dubrovnik la blanche élégante nous dévoile ses charmes et nous permet de conclure en beauté cette traversée de la Croatie, parfois éprouvante, parfois douloureuse, parfois déroutante, mais surtout sublime et majestueuse.

 

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Skradin J116 Croatie

Les décisions du cyclocampeur

Ecrit le 24-10-15 à Skradin (Croatie) – km 1420 (+2700 ancien compteur)

Le cheminement du cyclo-campeur se construit suite à une série de décisions qui le mèneront ici ou ailleurs. Le choix de la route étant vaste, il est parfois des choix qui deviennent cornéliens. L'idéal serait de passer par toutes les routes ... Mais voilà, voyager à vélo, ce n'est pas comme se balader en voiture, chaque option de parcours implique une fine évaluation du coût temporel et en efforts physiques. Un gros détour pour visiter un endroit fort recommandable est tout à fait possible donc, mais il faudra étudier au préalable les pours et les contres en un laps de temps relativement court. Finalement, l'épopée cycliste devient une métaphore de la vie : il faudra faire le « deuil » de certaines routes et savoir accepter avec plaisir et ouverture ce que nous offre la voie que l'on emprunte. Pour sauvegarder ce pouvoir d'émerveillement, non entaché d'amertume et de regret. Le vélo enseigne l'humilité. 
 
Et puis il y a les rencontres. Warmshower reste toujours le moyen privilégié de les provoquer. Malheureusement, il semble encore être peu développé dans les pays des Balkans. J'ai toute de même fait la sympathique rencontre de Bertie, joueur de poker anglais qui vient passer quelques semaines par an dans sa résidence secondaire sur les bords de la côte sud d'Istrie. Une vue magique, un lieu splendide, et une chouette soirée à parler de tout et de rien. Non loin de là, à Moscenice, une paisible petite bourgade perdue dans les collines, j'ai été superbement accueilli par la Famille Kumicic. Olivier est originaire du coin, mais a grandi en France. Et Loetitia est originaire de Bueil, village se situant à quelques kilomètres de chez moi en Normandie ! Nous avons été mis en relation par l'intermédiaire de nos parents respectifs. Une très belle rencontre, qui m'a donné une porte d'entrée sur la culture du pays …
 
… Qui cependant n'a pas encore porté ses fruits. J'ai beaucoup de mal à établir le contact avec les locaux. Si je devais utiliser un seul mot pour les caractériser (en toute subjectivité), j'emploierais l'adjectif « placide ». Là où auparavant ma monture provoquait la curiosité et me servait de brise-glace, les croates y restent au contraire assez indifférents. Ne pas être au centre de toutes les attentions peut comporter certains avantages, mais sûrement pas celui de tisser du lien. Parfois je me dis, un extra-terrestre pourrait traverser la Croatie sur une brouette, cela ne les émouvrait pas plus que ça. A moi de redoubler les efforts, donc. Je n'ai pas dit mon dernier mot. Et puis la route me tient fort bien compagnie, elle devient à défaut de mieux une rencontre en soi-même.
 
De toutes façons, je ne suis jamais seul. Après la pluie, c'est le vent qui est venu m'accompagner quelques jours dans mes pérégrinations. La Bora (prononcez « BBourra ») se manifeste par rafales allant du continent vers la mer, pouvant allégrement atteindre les 50 km/h (correction du 29 octobre : on m'annonce des vents jusqu'à 200 voire 270 km/h, heureusement je n'ai pas eu à tester cet extrême !). J'en suis resté tellement soufflé qu'une fois je me suis retrouvé à terre avant même d'avoir pu poser le pied sur la pédale. Après l'Istrie, j'ai fait le choix de la montagne et d'aller découvrir la vallée de la rivière Lika, une région qui a été au centre du conflit balkanique des années 90. La région porte encore de nombreux stigmates visuels de cette période, en témoigne les nombreuses maisons abandonnées criblées d'impacts de balle et les vastes parcelles de terrains pas encore déminées. Avec les bourrasques, il y régnait comme une ambiance de fin de monde …
 
En se rapprochant de la côte, je peux enfin profiter de températures plus estivales. J'ai été aujourd'hui pendant mon jour de repos aller visiter les chutes d'eau du parc naturel Krka (prononcez comme vous voulez) : cela a été ma merveille de la semaine. Et puis j’écris ses lignes depuis une reposante plage d'eau douce. Le repos du guerrier. Je n'ai pas encore rejoint la côte, je fais un peu durer un peu le plaisir en prolongeant ma visite dans l'arrière-pays.
 

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Soteska (juste avant Ljublajana)

Au revoir Autriche, bonjour Slovénie !

Écrit le 05 octobre 2015 à  Soteska (Slovénie) – km 578 nouveau compteur (+2700 ancien compteur)

J'ai mis environ 5 jours à me remettre dans le voyage.
Le déclic, cela a été mon premier hôte warmshower en Slovénie, Anton. Dans sa ferme à 10 km de Maribor, le bestiaire est varié, on y trouve en vrac des lamas, alpagas, baudets, chevaux, chèvres, cochons vietnamiens et chats de campagne. Tous semblent y vivre paisiblement, sous le protecteur amour de leur propriétaire. Moi aussi, j'ai choyé les animaux, tout comme je l'ai été. Partager le quotidien de ce passionné de vélo, moto et de son pays (entre autres), ce fut une bouffée d'air frais, nécessaire et salvatrice.

Anton et ses bêtes
Avant cela, j'ai passé 5 nuits en bivouac, depuis Vienne jusqu'à la frontière slovène. 5 campings sauvages de toute beauté, dans des endroits idylliques, en montagne, en forêt, en bord de rivière. J'ai été coupé du monde pendant tout ce temps, n'adressant la parole que lorsque c'était strictement nécessaire. 


Et puis en Slovénie, tout a changé. Les badauds sont curieux, entament volontiers la discussion et échangent volontiers leur sourire contre le mien.
Alors voilà, me voici enfin de retour sur la route !
Je retrouve peu à peu ma condition physique, même si c'est laborieux. D'autant plus que c'est fini le plat pépère de la route Eurovelo 6. Maintenant, place à la montagne, et à de nombreuses collines.
Il y a un avantage dans tout ça : les paysages sont magnifiques, beaucoup plus variés que ceux de la vallée. Il y a donc une motivation derrière chaque relief. A mon actif un petit pic à plus de 950 m pour se chauffer tranquillement, en Autriche. 


Ce qui change aussi, c'est la météo. Je suis entré à Vienne avec un grand soleil, tout juste en sortie de canicule, et 40 jours plus tard, c'est presque l'hiver qui sonne à la porte. Aussi, il n'y a plus de route vélo balisée. Ni de trace GPS pour mon logiciel de navigation. Je dois composer moi-même mon itinéraire au jour le jour, ce qui me donne une plus grande liberté, mais aussi me donne plus de travail, et la sensation de passer à côté du meilleur chemin parfois.
Petit avantage, cela me donne l'occasion de composer la route avec les locaux, et ainsi glaner de précieux renseignements. Autre changement important, l'heure de coucher du soleil. Je dois me mettre à la recherche d'un bivouac à 17h alors que fin aout je pouvais me permettre d'y penser à partir de 19h.
Autant d'heures en moins de pédalage, cela raccourci les journées.

J'ai aussi pris deux décisions majeures pour la suite de mon voyage. J'ai décidé de zapper Sarajevo. En tous cas, je ne m'y rendrai pas en vélo. La variante météo est trop imprévisible, je peux me taper de la neige, le grand froid, et je ne suis pas équipé pour. Je vais donc prendre la direction de la côte adriatique.C'est pas mal tout de même, non ?
J'avais hésité longuement lors de ma première ébauche d’itinéraire. L'une des raisons pour laquelle je ne l'avais pas choisi, c'était par crainte de m'y retrouver en pleine saison touristique. Maintenant, ce risque n'existe plus, et je pourrais profiter encore quelque temps de la douceur du climat méditerranéen en bonus.

Par contre, je n'ai pas renoncé à faire de la montagne. Mais ce sera celle de Slovénie. Anton m'a refilé quelques bons tuyaux et surtout l'envie de mieux connaître son pays. Il existe une rivière, dont l'eau est bleue comme la mer des caraïbes. Elle s'appelle la rivière Socca et prend sa source dans les Alpes slovènes. Cela me donnera aussi l'occasion de traverser le splendide parc naturel Triglav. Il y a un col à 1600 m, du gros dénivelé positif. C'est un challenge de taille. Je m'y frotterai sous réserve de bonne météo (je viens de regarder,les prévisions ne sont pas si bonnes, j'hésite à y aller).

Toutefois le ciel est avec moi pour le moment. Mis à part le catastrophique jour du départ où je me suis pris une averse bien bien velue, je n'ai pas été mouillé. Et même mieux : j'ai eu parfois du soleil, de la douceur et même souvent le vent dans le dos (rectification : il pleut des cordes depuis mon arrivée hier à Ljubljana) … Dans ces conditions, difficile de ne pas profiter de la route, pourvu que cela dure ! 

J'ai bien sûr souvent une pensée pour tous ceux qui m'ont bien aidé à acquérir ce nouveau vélo. Il est splendide, j'ai les mêmes sensations qu'avec le premier. Il y a eu quelques trucs mineur à ajuster comme l'alignement des roues, qui ont du prendre quelques coups pendant le transport, mais maintenant il est à point.
Me reste plus qu'à pédaler !

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Vienne et Bratislava

Un nouveau départ

Le nouveau départ, c'est pour aujourd'hui ! Le vélo est fin prêt, et je suis rechargé à bloc. Quel plaisir de pouvoir à nouveau chevaucher un super vélo. Comparé à celui que l'on m'avait prêté en attendant, même s'il m'a rendu de fiers services, j'ai l'impression d'être sur coussins d'air !
C'est une énorme satisfaction de pouvoir compter à nouveau sur du tel matériel, une chance incomparable qui m'est donnée à nouveau de pouvoir réaliser ce projet qui me tient tant à coeur.
 

J'ai passé plus d'un mois à Vienne (c'est passé à une telle vitesse !), avec quelques virées occasionnelles à Bratislava, dans un premier temps pour essayer de retrouver mon vélo, et ensuite pour aller rendre visite.
J'ai toujours apprécié aller saluer ma bienfaitrice Martina, qui m'a tant soutenu le jour du vol (et bien après). Elle m'a fait découvrir son pays et sa culture, notamment par le biais de l'excellente cuisine slovaque. En témoigne les quelques kilos que j'ai gaillardement repris.
Et que dire de mes hôtes warmshowers viennois, Birgit et Berni, qui sont devenus mes amis, eux aussi. Ils m'ont aidé à surmonter cette épreuve, m'ont réconforté, et maintenant cela me fait tout drôle de partir ! J'avais pris des habitudes apaisantes, j'ai aimé passer du temps avec eux, nous avons partagé des moments de camaraderie et d'affection.
C'est avec un petit pincement au coeur que je m'éloignerai de cette maison qui a été mon refuge, mon abri, mon oasis.

Et c'est aussi avec quelques craintes que je quitte Vienne. Je sais pertinemment qu'elles s'enloveront dès les premiers coups de pédales, mais elles sont là, et témoignent des défis à venir.
Penser aux étapes de montagne m'a toujours un peu angoissé pendant le voyage, appréhension qui s'est rafermie depuis que nous sommes dorénavant rentrés officiellement dans l'automne, et que les températures chutent allègrement.
Suis-je suffisamment équipé contre le froid ? Et serais-je capable de gravir les dénivelés ? Il y a aussi l'actualité, les réfugiés, et la crainte de me heurter à la fermeture de  certaines frontières, et de devoir encore retarder mon périple (de tout coeur, je leur souhaite de trouver une terre de bon accueil). Aussi, l'inquiétude de me faire de nouveau voler va trainer un certains temps dans ma tête, jusqu'à ce que je retrouve la confiance, sans tromper ma vigilance, je l'espère. J'avais aussi quelques questionnements intérieurs avant mon départ en août, et une fois sur la route je n'avais plus assez de temps pour y penser !
Dans l'action, on trouve toujours une solution, il n'y a pas de place pour le doute et l'égarement. C'est une question de survie.

Qui sait, je suis peut-être atteint du syndrôme typiquement viennois de deuil et mélancolie, cher à Sigmund Freud, le local de l'étape. Si je demande à un autochtone de caractériser sa ville, nombreux ceux qui évoqueront ce sentiment de nostalgie obscure et majestueux, que l'on pourrait peut-être comparer au fado portugais ou à une version autrichienne du spleen parisien.
Alors, finalement, je me suis peut-être bien imprégné du lieu ... Même si la caractérisation précise de ce concept m'échappe bien encore.
 

Ce qui m'attend, c'est tout le contraire : vivre le moment présent ! Il y aura de la joie, de la bonne humeur, et surement même de la sueur. Il y aura peut-être quelques jours de flottement, mais une chose est sûre : c'est reparti pour un tour !
Merci encore à tous pour votre soutien.

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Vienne et Bratislava

La solidarité

La déception et le choc post-vol appartiennent dorénavant au passé, je tire (presque) définitivement un trait sur mon ancien vélo.
Je veux tourner la page et me concentrer sur la suite.
Je continue cependant mes recherches et les démarches administratives, on ne sait jamais, sur un coup de chance, un malentendu, quelqu'un peut tomber dessus, et je voudrais qu'on fasse le lien avec moi si un jour il venait à revenir à la surface. 

Je me partage actuellement entre Bratislava, où j'ai trouvé un hostel sympa, et Vienne, où mes hôtes warmshower ont la bonté de m'offrir le gîte.
A Vienne j'ai ma base logistique, où j'organise la venue et la future préparation de mon nouveau vélo, à Bratislava je garde contact avec les personnes qui m'aident à rechercher le vélo. J'y rencontre aussi des nouvelles personnes, découvre un peu la culture slovaque par la cuisine et la langue … J'ai décidé de profiter de mon séjour forcé ici, pour m'imprégner du lieu et des gens.
Après tout, je ne vais pas me morfondre éternellement dans l'attente de mon prochain coup de pédale !

Le lundi 24 août, à Bratislava, je me suis fait volé ma bicyclette, dans l'après-midi, alors que je me restaurais paisiblement.
J'avais laissé le vélo dans l'entrée du restaurant, si bien que pour une raison inconnue, la fatigue, trop de confiance, je n'avais pas contrôlé si l'antivol était correctement attaché. Un scélérat qui passait dans le coin s'est chargé de le faire à ma place, et est reparti avec le vélo sous le bras.
Pas de chance, moi qui d'habitude fait attention à ce genre de détail, il a fallu une seule erreur de déconcentration pour essuyer ce cauchemardesque larcin.
A vrai dire, c'était le pire scénario envisagé avant mon départ.
J'ai mis un certain temps à réaliser, et puis ensuite mon monde s'est écroulé, tous les projets établis depuis plusieurs mois, les rêves d'aventure, de rencontres, de découverte, je me voyais rentrer à la maison en n'ayant une fois de plus pas pu aller au bout.
Dans ce malheur, une petite compensation : j'avais laissé mes bagages à Vienne ...

Et puis, les jours suivants, l'espoir de nouveau permis. Grâce à tous les messages de soutien, déjà. Pas une personne ne m'a encouragé à rentrer !
Ce n'était qu'incitation à continuer, à me montrer plus fort que le chapardeur …
Cela m'a projeté de nouveau dans le voyage. Et puis, il y a eu cette collecte, la matérialisation de tous ces messages de soutien, et je dois dire, c'est une aide fantastique !
Je suis profondément touché par cet élan de générosité, aussi inattendu que précieux, par vos gentils mots, qui m'aident sacrément bien à me remettre en selle !
Je me sentais jusqu'à présent comme un voyageur solitaire alors qu'en fait je pédalais avec vous tous. Je suis très fier de pouvoir compter sur vous, amis et famille, et la suite de mon voyage aura dorénavant une saveur particulière, celle du bonheur partagé. 

Je vais donc pouvoir investir dans du matériel de qualité, ce qui me permettra de ne pas changer l'itinéraire prévu et d'affronter quelques arpents de montagne des Balkans.
Je suis en ce moment en pourparlers avec la boutique Rando-cycle à Paris pour me faire envoyer ma nouvelle monture depuis la France. Normalement, il devrait arriver vers la fin de la semaine prochaine. Avec quelques jours de montage supplémentaires à prévoir, je repartirai d'ici le lundi 14 septembre sur un destrier flambant neuf et capable d'avaler de nombreux kilomètres sans sourciller.
Vienne compte aussi de nombreux magasins de vélo où je pourrais acheter quelques accessoires indispensables.
Je veux aussi me renforcer au niveau sécurité. Quoi de plus normal ?
Je me promets aussi intérieurement de ne jamais plus connaître d'excès de confiance si je dois m'éloigner de mon vélo. 

Au final, quelle histoire, que d'émotions ! Si je dois tirer un petit bilan de cette mésaventure, j'en sortirais plus de positif que de négatif, vraiment.
Je n'en veux pas à mon voleur, et je ne m'en veux plus. Le voyage est ainsi fait de haut et de bas, et je souhaite que cet épisode soit le dernier du genre.
Et puis, en revenant d'aussi loin, chaque nouvelle douceur goûtée lors de mes prochaines balades sera savourée à sa juste valeur, j'en suis convaincu. Maintenant, je me concentre sur la découverte de ces deux villes antagonistes que sont Vienne et Bratislava.

A bientôt !

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Beffes J7 km395 Cher

La dette grecque

Jour 7 à Beffes (18) – km 395 (en réalité je suis arrivé à Bourbon-Lancy et au jour 10 -un peu plus de 500 km - mais il y aura toujours un petit décalage entre le moment ou j'écris l'article et le publie, le temps de trouver une bonne connexion wifi)

La dette grecque : c'est le premier sujet qui vient à la bouche de mes interlocuteurs de passage lorsque j'évoque la destination finale de mon voyage. Alors, forcément, ça politise un peu le parcours, et je pense me faire une idée bien précise sur la question d'ici Athènes ...
Quelque part, cela donne un fil conducteur à mon voyage, et je peux remercier indirectement Goldman & Sachs et JP Morgan de m'avoir donné ce sujet de conversation brise-glace. 
 
Le prologue de ce road trip tient toutes ses promesses, et s'avère même bien plus passionnant et intense que je ne l'avais imaginé depuis mon antre normande.  Il ne m'arrive que de belles choses : chaque jour je fais des rencontres improbables, je déniche des endroits idylliques pour établir mes bivouacs, mes hôtes Warmshower (sorte de couchsurfing pour les cyclistes) sont des gens charmants et enrichissants.
Bref, que du bon, mis à part la chaleur infernale qui m'oblige à modérer mes ardeurs. Je suis exalté, chaque micro-évenement me donne l'occasion de m'extasier. C'est peut-être un état de grâce propre au voyageur solitaire. 
 
La Beauce
Les paysages sont variés, la Vallée de l'Eure fut une bonne mise en bouche, la traversée des interminables plaines de la Beauce sous le cagnard une épreuve. Me retrouver au bord de la Loire, c'est le début de l'aventure. Ce fleuve sauvage est bordé de petites villes médiévales (Gien, La Chapelle-Montlinard), d'îles repères à oiseaux, de villages pittoresques (Ousseau ...) et de gens qui prennent le temps, au rythme de l'eau.
 
Gien
Les moments-forts (non exhaustif) :
- Mon premier arrêt au troquet « l-dos-à-dos » de Fermaincourt, cela a donné le ton du voyage
- Mon premier bivouac au petit Chérisy, au bord de l'Eure, suivi de l'invitation de Jean-Luc artistre-peintre
- La visite de Gien en pleine fête médiévale
- Mon second bivouac au bord de la Loire, éclairé par Nicolas le Berger
- Mon dernier bivouac sur les coteaux du vignole de Sancerre (la classe)
- Avoir participer à une ouverture sur l'écluse de Pezeau (merci Rodolphe l'éclusier)
- Mes deux nuits chez mes warmshowers : Lena, grande aventurière qui m'inspirera pour le reste de mon voyage puis Muriel et Greg, cyclocampeurs en famille enthousiastes et communicatifs.
- Me faire pote avec Alfred le corbeau à la ferme des Barreaux

Je n'ai rien préparé de concret niveau itinéraire, et c'est justement ce qui me permet de vivre des moments pareils, sans arrière-pensée, sans être pressé.
Et je peux peut-être prétendre à la fin, atteindre ce que je recherchais, en entreprenant ce voyage : expérimenter la pure liberté.

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