Otmanli J10 Turquie

Un nouveau départ à Thessalonique

Ecrit à Otmanli le 23-03-16, km 555, jour 10

J'ai eu pendant cette pause toutes les raisons d'être heureux. J'ai revu ma famille et constaté que tout roulait pour eux, même sans vélo. J'ai revu mes amis, et me suis rendu compte à quel point j'étais chanceux de les avoir, eux et ma famille. J'ai continué à faire de belles rencontres, même hors contexte du voyage. Je suis revenu dans le bain de mon environnement proche avec l'aura et l'audace du voyageur, ouvert et positif, apaisé et constructif. Que ces moments sont passés rapidement, à tel point qu'en un coup de pédale me voilà de nouveau à enfourcher mon fidèle destrier.

 

Aussi enthousiasmant et excitant que peuvent se révéler les projets et le futur, pour le moment, mon avenir immédiat, c'est le voyage. Et c'est avant tout une remise à niveau vers le présent : c'est ici et maintenant que je dois vivre les moments, les apprécier et leur donner de la valeur. Me remettre sur la route est avant tout un retour dans l'immédiat.

C'est aussi une piqûre de rappel d'optimisme. Malgré les petites galères inhérentes à l'itinérance et à la bicyclette, chaque jour me rappelle à quel point il est important de les relativiser pour rester ouvert aux bons moments, qui eux sont au moins tout aussi nombreux (si ce n'est plus) que ces petits problèmes du quotidien.

Puisque j'en suis à parler de petites galères, mon vélo semble avoir toujours autant de succès avec les chiens, qui semblent s'être reproduits comme les pains de Jésus. Plusieurs fois par jour, je dois m'arrêter pour faire face à la colère territoriale de ses canidés enragés, devant moi aussi montrer les crocs pour prétendre à continuer mon chemin. Un véritable fléau. Et je ne blâme pas forcément ces pauvres bêtes, mais plutôt la négligence complaisante de leurs maîtres.

 

Et parmi les bons moments, je pourrais évoquer la générosité quotidienne des grecs et des turques, leur côté amical et protecteur. Les chouettes bivouacs que je déniche aussi chaque jour, ces coins semblaient parfois m'attendre depuis toujours. Les cadeaux inattendus, les découvertes culinaires fortuites, se sentir de mieux en mieux physiquement ... Mis bout à bout, ils me procurent une saine sensation de bien-être et de vie. Voyager à vélo, c'est vraiment le pied !

 

Cette première portion de périple, c'est avant tout un parcours en solitaire. Je trace, je mange, je campe, je profite des moments d'accalmie. Comme si j'avais ce besoin de me remettre dans l'esprit du voyageur rêveur, de me concentrer de nouveau pleinement sur la route. Et puis surtout, je crois bien que j'ai très envie de commencer au plus tôt l'aventure asiatique. Depuis la Turquie, c'est un peu différent, je fais plus de recontres, quelques pauses tchai ... J'ai aussi ralenti le rythme juste avant d'arriver à Tekirdag.

 

Je suis arrivé à Athènes par avion, et après quelques jours de préparation et de maintenance de mon vélo (je tiens à remercier particulièrement mon ami Spiros pour m'avoir tant aidé dans cette étape, et Véronique encore une fois pour m'avoir procuré ce point de chute si important) j'ai pris le train pour Thessalonique, où j'ai retrouvé le temps d'un dîner la famille avec qui j'avais voyagé quelques jours en Allemagne. Un très bon moment, qui m'a remis dans le bain de la baroude. Je leur souhaite d'ailleurs un super beau voyage, ils ont dorénavant troqué leur vélo contre des chariots de marche et ont l'ambition de remonter jusqu'à Venise à pattes. 

 

Et puis de Thessalonique, c'est un nouveau départ à deux roues sur la route d'Istanbul. Puisque c'est d'actualité, oui, j'ai vu des réfugiés, notamment non loin de Kavala, sur la côte. Encore une autre occasion de souligner l'hospitalité et la générosité des locaux qui en Europe se retrouve bien seul pour faire face à cet afflux migrateur massif. 

Que l'aventure commence !

 

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