Athènes

Le bilan du cyclocampeur

Écrit sur le chemin du retour le 22/12/15

C'est l'heure de faire le bilan du voyage !

Ce périple … c'est (entre autres) :
  • 5 mois et demi (dont un mois de pause à Vienne suite au vol)
  • 6000 km
  • 9 pays traversés : La France, la Suisse, l'Allemagne, l'Autriche, la Slovénie, la Croatie, le Montenegro, l'Albanie et la Grèce (plus 2 villes visitées en Italie et Slovaquie : Trieste et Bratislava)
  • 2 vélos (gloups)
  • 4 crevaisons (dont 2 le même jour)
  • 5 cols à 800-1000 m d'altitude
  • (presque) jamais malade
  • 4 piquets de tente perdus
  • 1 chute (à l'arrêt à cause du vent)
  • 4 jeux de piles pour ma lampe frontale
  • beaucoup de sandwichs
  • encore plus de sourires
  • quelques potes animaux (dont 1 corbeau, j'en veux un pour moi !)
  • 1 piqûre de guêpe ...
  • infiniment plus de piqûres de moustiques ! ...

Mes nuits :
  • 44 bivouacs différents
  • 23 nuits dans 21 campings
  • 64 nuits chez 17 hôtes Warmshower (dont 37 nuits à Vienne)
  • 3 nuits chez 2 hôtes Couchsurfing
  • 5 nuits invité spontanément par 4 rencontres de la route (dont 2 nuits en mode camping)
  • 3 nuits dans 2 auberges de jeunesse
  • 8 nuits chez des amis (1+7)
  • 19 nuits dans 8 appartements de location (avec mon groupe)
  • 4 nuits chez 2 hôtes Airbnb (lors de la visite de mon amie Joy)
  •  
L'autre jour, à Athènes, on me demandait ce qui m'avait le plus marqué pendant ce voyage. Spontanément, j'ai répondu la solidarité qui a suivi le vol de mon vélo. Ce moment signifie tout à fait la large palette de sentiments que j'ai pu ressentir lors de ce road trip … Être en contact permanent avec la nature, les gens, les éléments, tout cela intensifie profondément les émotions, et l'on passe ainsi du bonheur au chagrin, de la souffrance à l'extase, du désespoir à l'euphorie, chaque micro-événement affecte de manière disproportionnée par rapport à ce que l'on pourrait vivre de manière sédentaire. Sur la route, on se sent vivre ! J'imagine que c'est aussi cette quête d'émotions fortes dans les plaisirs les plus simples qui m'a motivé chaque jour à découvrir un nouvel environnement.
 
Bien avant le début du voyage, on me demandait parfois la première intention de mon voyage. C'était avant tout une volonté délibérée d'expérimenter la liberté. 6 mois plus tard, est-ce un pari réussi ? Je dirai oui et non. D'une certaine manière, j'ai été libre. De choisir mon itinéraire, des personnes avec qui je parle, de mon rythme journalier … J'ai vécu une presque totale indépendance : voyager avec mon matériel de camping m'a donné la possibilité de ne pas dépendre des offres de logements, pédaler m'a affranchi des stations d'essence. Cependant, il y a toujours des éléments dont on va dépendre : le temps imparti pour atteindre un objectif donné, par exemple pour rejoindre un hôte, ou pour composer en fonction de la météo. J'ai parfois eu l'impression d'être prisonnier de certains paramètres. La bonne nouvelle, c'est que les objectifs dépendent uniquement de la personne qui les fixent. Il ne tient donc qu'à moi de ne plus m'en fixer. Barouder ainsi sans fin ni but, au gré du vent, est-ce cela la vraie liberté ? Honnêtement, je ne sais pas si je suis prêt à voler de la sorte, chaque cible auto-fixée m'ayant procuré une réelle motivation supplémentaire. Sans compter le plaisir de l’achèvement ! Il doit y avoir un juste milieu dans tout ça, à moi à l'avenir d'affiner ces réglages pour enfin goûter à mon Graal, cette liberté tant recherchée.
 
Et j'aurai la possibilité de peaufiner tout ça, car je continuerai ce voyage. En mars. Dans un premier temps, je reprendrai mon vélo à Athènes et me dirigerai en direction d'Istanbul. J'ai encore plus de 2 mois pour penser à la suite. Avec 2 options majeures : continuer sur ma lancée en Turquie pour enchaîner sur l'Iran et les pays en stan, ou alors prendre un avion à Istanbul et voler directement vers le grand Est pour une destination plus exotique comme le Japon. Prendre la décision de continuer ce voyage a été l'une des décisions les plus naturelles que j'ai eu à prendre. J'ai la motivation, le temps, la santé et il me reste des économies. Comment aurai-je pu concevoir un seul instant arrêter de faire ce qui me rend heureux ? Je me trouverai peut-être fort dépourvu quand la bise sera venu, mais avec quelques précieux trésors en mémoire. Certains investissent dans la pierre, moi j'investis dans le souvenir. 
 
Le dernier tronçon de la baroude a été nettement plus urbain. J'ai tout d'abord apprécié Patras et son ambiance détendue de vie estudiantine, où j'ai eu la visite de mon amie coréenne Joy. Et puis la campagne d'Egio, où nous avons fait la connaissance de Nikos et de son adorable famille. Ce fut ensuite la dernière ligne droite vers Athènes en solo, la côte nord du Péloponnèse, de plus en plus dense en population, de plus en plus aride, entre différentes teintes qui allèrent des multiples nuances de bleu du ciel et de la mer jusqu'au gris-ocre et de la terre. J'ai beaucoup aimé la capitale hellène, vivante et historique. Véronique, une amie française rencontrée en Inde, m'y a très gentiment laissé son appartement alors qu'elle n'y était même pas ! C'est sa fille, Athéna, qui fut donc mon dernier hôte et qui m'a fait sentir comme à la maison ! Athènes, j'y retournerai, alors j'aurai l'occasion de l'apprécier une fois de plus … To be continued :)
 

Lire la suite »


Gefira Mpania J159 Grèce

La balade grecque

Ecrit le 07-12-15 à Patras (Grèce), km 2900 (+2700) - Jour 159

- Deutchland ? (deux options : ou je ressemble au prototype du cyclocampeur allemand, ou alors c'est une petite vérification d'un ennemi potentiel)
- No, France
- Ah, Holland ...
- No no, France
- Yes, François Hollande !
- Aaaah, OK :)

(On ne rate jamais une bonne blague avec notre François national)

Ainsi parfois un brin surréalistement les grecs entreprennent de briser la glace. Car ils ne manquent jamais de faire fonctionner leur curiosité, à mon plus grand plaisir. Dès lors que je m'arrête de pédaler, je me prépare à l'éventualité de tenir quelques bribes de conversations avec les gens de passage. On m'invite à boire un café, on m'offre des oranges, on me demande d'où je viens, où je vais. On ne perd jamais une occasion de me sourire et de me saluer. Yassou ! Ou bien Yass, Ya-Ya, Ya, Yassin,Ya filé, sans compter autres kalimera et j'en passe, énoncer le bonjour se décline à l'infini. Ou comment se présenter en entretenant la surprise. Le mieux dans tout ça, c'est que cette gentillesse est tout à fait gratuite. Oui, les grecs sont sympas par pur plaisir, ils n'ont rien à vendre au touriste de passage que je suis, seulement un moment à partager. Et je parierai même qu'ils sont tout aussi aimables avec le cyclocampeur allemand :)
 
Ce qu'on m'avait promis pour la côte croate, c'est finalement en Grèce que je le trouve. Une belle route littorale, sauvage, peu empruntée, avec des paysages à couper le souffle, une belle succession de montées et descentes maîtrisées, des petits villages de pêcheurs où le temps semble s'être arrêté … Longer l'Adriatique grecque me rend serein et heureux. Elle m'offre une toute nouvelle plénitude. Lorsque cette chaussée est complétée par un noble sentier de montagne, parées de ses plus chatoyantes couleurs d'automne, je peux vous assurer tranquillement que c'est l'itinéraire idéal pour cette fin de périple, un bel atterrissage en douceur. Le tout sur fond de températures encore estivales au cœur de la journée (jusqu'à 20°C et un soleil qui cogne) avec des nuitées nettement plus fraîches.
 
C'est une expérience en solo, de nouveau. Nos routes se sont séparées à Igoumenitsa, au second jour de notre sortie d'Albanie. Ce fut de bien belles semaines, intenses, à se découvrir puis s'apprécier. Je suis très heureux d'avoir partager ces moments avec Calvin, Max et Mona. C'est aussi une manière de voyager assez différente que prendre la route en solitaire. Le groupe prime sur l'individu, les décisions doivent être prises à l'unisson, un équilibre se créée, se perd, se retrouve. C'est un petit concentré de vie en communauté ! Au final, je sors de ce mois en équipe avec l'impression de connaître ces joyeux drilles depuis fort bien longtemps. 
 
Cependant, rouler pour ma pomme me manquait aussi (tout autant que mes ex-acolytes me manquent actuellement). Prendre mes propres décisions, m'arrêter inopinément pour photographier, m'attarder sur un détail, dénicher à l'improviste un endroit pour y passer la nuit … Je peaufine de nouveau mon art du bivouac, et goûte avec un petit plaisir égoïste les moments passés seul en compagnie des arbres, du sable et des couchers de soleil … Et même parfois de quelques renards !
 
Il y a toutefois une petite ombre au tableau : les chiens. En temps normal, je les adore. Ils deviennent cependant pour le cycliste l'ennemi héréditaire n°1, une menace qui a commencé à se manifester depuis la Croatie et qui prend ici une toute autre dimension. Ils défendent crocs et griffes leur territoire, avec zèle et acharnement. Tout va bien lorsqu'ils sont attachés ou séparés de mes cuissots par une clôture. Mais il arrive parfois quelques surprises : des portails mal fermés ou bien des chiens errants qui eux aussi ont leur soucis de gestion de lopin de terre … Je reste donc sur mes gardes à chaque aboiement, vérifiant par ici si la laisse est bien accrochée, par là si le grillage est bien ficelé. Avec dans la poche un petit caillou à brandir qui fait toujours son effet mais qu'heureusement je n'ai jamais encore eu à utiliser. C'est devenu ma caillasse porte-bonheur, dont j'espère n'avoir jamais à me séparer.
 

Lire la suite »


Retour en haut
Retour en haut